(Washington) La vice-présidente de la banque centrale américaine (Fed), Lael Brainard, a estimé jeudi qu’il n’y avait pas de raison à ce stade d’envisager une pause dans la hausse des taux en septembre, face à une inflation qui reste beaucoup trop élevée.

« En ce moment, il est très difficile de voir une justification à une pause (lors de la réunion de septembre). Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour ramener l’inflation à notre cible de 2 % », a déclaré la numéro deux de la puissante Réserve fédérale, sur la chaîne CNBC.

Elle a martelé que la priorité était de « faire reculer l’inflation » même si l’économie va ralentir « au fil du temps », ajoutant qu’il était « trop tôt » pour dire à quel moment la demande faiblira et quand la pénurie de main-d’œuvre sera terminée.

Dans le sillage de Jerome Powell, elle observe que la décision sur les taux est prise en fonction des indicateurs économiques. Pour septembre, il faudra donc attendre celles publiées au cours de l’été.

À plus court terme, deux relèvements supplémentaires d’un demi-point des taux directeurs, lors de la réunion des 14-15 juin, puis de celle des 26-27 juillet, « semblent être un rythme raisonnable », a-t-elle estimé.

La Fed a entamé au printemps un resserrement de sa politique monétaire, relevant les taux directeurs à deux reprises, d’un quart de point de pourcentage en mars, puis d’un demi-point début mai.

« Nous ferons évidemment tout ce qu’il faut pour faire reculer l’inflation. C’est notre priorité », a-t-elle insisté.

Autre étape majeure de la normalisation de la politique monétaire, la Fed a commencé mercredi à réduire son bilan, après avoir, pendant la pandémie de COVID-19, acheté des titres pour inonder le marché de liquidités et lui permettre de continuer à fonctionner.

« Je suis convaincue que les outils dont nous disposons commencent à avoir l’effet souhaité en termes de ralentissement de la demande », a encore indiqué la vice-présidente de la Fed.

La présidente de la Fed de Cleveland, Loretta Mester, a souligné jeudi que la hausse des taux de septembre dépendra de l’inflation : si celle-ci montre un ralentissement évident, « le rythme des augmentations de taux pourrait ralentir » lui aussi, mais, si ce n’est pas le cas, « un rythme plus rapide d’augmentation des taux pourrait être nécessaire ».

« Le risque de récession a augmenté, mais comme la dynamique de la demande et le besoin de main-d’œuvre sont forts, […] un ralentissement brutal peut être évité », a estimé cette membre votante en 2022 du comité monétaire-organe de décision de la Fed.

L’inflation a un peu ralenti en avril, après avoir atteint en mars des records depuis 40 ans. Elle reste néanmoins très élevée, à 6,3 % sur un an selon l’indice PCE – privilégié par la Fed – et 8,3 % selon l’indice CPI-sur lequel sont indexées, notamment, les retraites.

Lael Brainard, gouverneure de la Fed depuis 2014, a été choisie par Joe Biden pour en devenir vice-présidente, et a pris ses fonctions le 23 mai pour quatre ans, après avoir été confirmée à ce poste par le Sénat.