(Pékin) La Chine a demandé aux banques publiques de débloquer l’équivalent de 148 milliards de dollars CAN de prêts pour renforcer les infrastructures, le pays étant confronté à un fort ralentissement économique en raison des mesures anti-COVID-19.

Le pays le plus peuplé de la planète a considérablement développé ses infrastructures au cours des dernières décennies, en particulier à la fin des années 2000 afin de relancer une économie alors affaiblie par la crise financière mondiale.

La Chine avait investi 4000 milliards de yuans (755 milliards CAN) dans l’économie, gonflant sa dette dans des projets parfois inutiles, mais soutenant au passage la reprise économique mondiale.

Cette fois, le pouvoir chinois a vu moins gros : 800 milliards de yuans (soit 151 milliards), selon le compte-rendu d’une réunion du gouvernement diffusé mercredi soir par l’agence Chine nouvelle.

Le premier ministre chinois Li Keqiang, qui, ces dernières semaines, a dressé un constat morose de l’économie nationale, présidait cette rencontre.

Chine nouvelle ne précise pas comment les banques publiques financeront concrètement les prêts.

Pour limiter son endettement, Pékin est réticent à accroître ses dépenses de soutien à l’économie, souligne l’économiste Ting Lu, de la banque Nomura.   

Voilà pourquoi il n’est « pas surprenant » que les banques publiques soient sollicitées pour des « mesures de relance », relève M. Lu.

En avril, Pékin avait annoncé des travaux d’infrastructures, mais sans les chiffrer.

Confrontée depuis plusieurs mois à un regain épidémique, la Chine applique une stratégie zéro COVID-19, qui entend limiter au maximum le nombre de morts grâce notamment à des confinements, notamment celui de Shanghai en avril.

Fermement défendue par le président Xi Jinping, cette politique sanitaire a de lourdes répercussions sur l’économie, avec nombre de commerces fermés, des usines qui fonctionnent au ralenti et des chaînes de production très perturbées.

Le ralentissement économique met en péril l’objectif de croissance d’environ 5,5 % fixé par Pékin, dans une année politiquement sensible qui devrait voir Xi Jinping être reconduit à la tête du Parti communiste chinois (PCC) à l’automne.

Or le parti tire sa principale légitimité de l’augmentation continue du pouvoir d’achat de la population.

Lors d’une téléconférence, la semaine dernière avec des milliers de responsables locaux, le premier ministre avait admis que la situation économique était pire qu’au début de la pandémie.  

Mercredi, Li Keqiang a par ailleurs appelé les provinces à publier des données économiques « réelles », au moment où plusieurs responsables locaux ont récemment été épinglés pour des « falsifications » supposées.