(Washington) Les entreprises du secteur privé aux États-Unis ont créé 128 000 emplois en mai, près de deux fois moins qu’en avril, alors que l’économie ralentit et que les petites entreprises peinent particulièrement à recruter, selon l’enquête mensuelle de la société de services aux entreprises ADP publiée jeudi.

« Dans un contexte de marché du travail tendu et d’inflation élevée, les créations mensuelles d’emplois se rapprochent des niveaux prépandémiques », a déclaré dans un communiqué Nela Richardson, cheffe économiste d’ADP, ajoutant que « le taux de croissance de l’embauche a ralenti dans toutes les secteurs ».

Les analystes attendaient 295 000 créations.

En avril par ailleurs, le nombre d’emplois privés crées a été moins important que ce qui avait été initialement annoncé, à 202 000 au lieu de 247 000.

Dans le détail, en mai, les plus grosses entreprises sont celles qui ont le plus recruté, avec 122 000 emplois créés par les structures de 500 salariés et plus, 97 000 emplois pour les entreprises de taille moyenne. En revanche, 91 000 emplois ont été détruits pour les entreprises de moins de 50 salariés.

« Les petites entreprises restent une source de préoccupation alors qu’elles luttent pour suivre les grandes entreprises qui ont (beaucoup recruté) ces derniers temps », détaille Nela Richardson.

Les employeurs américains font face depuis des mois à une pénurie de main-d’œuvre, et,  pour attirer des candidats, offrent de meilleures conditions et augmentent les salaires, ce qui est plus aisé pour les grandes entreprises. Ces hausses contribuent à alimenter l’inflation.

La productivité a enregistré au premier trimestre 2022 sa plus forte baisse depuis 1947, -7,3 % sur un an, selon la deuxième estimation du département du Travail, également publiée jeudi. Le coût unitaire du travail, lui, a connu un bond inédit depuis 1982 (+12,6 %).

Quant aux licenciements, ils restent à un niveau faible, avec 200 000 inscriptions hebdomadaires au chômage fin mai, selon les données du département du Travail publiées jeudi. Le nombre de bénéficiaires d’une allocation chômage est même tombé, entre le 15 et le 21 mai, à son plus bas niveau depuis décembre 1969, avec 1,3 million de personnes.

« Un faible niveau de licenciements ainsi qu’un nombre élevé d’offres d’emploi signalent que la demande de main-d’œuvre demeure forte, une tendance qui devrait persister à très court terme », a commenté Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics.

Les chiffres officiels de l’emploi en mai seront publiés vendredi par le département du Travail. Le taux de chômage devrait, selon un consensus d’analystes, tomber à 3,5 %, son niveau d’avant la pandémie et le plus bas depuis 1969.

En avril, 428 000 emplois avaient été créés par l’économie américaine, et le taux de chômage était resté à 3,6 %.

Mais l’inflation pourrait faire repartir le chômage à la hausse, et ralentir la croissance économique, voire même provoquer une récession. Car pour freiner cette hausse des prix, l’une des principales mesures est de ralentir la demande de la part des consommateurs et entreprises.