(Washington) Les États-Unis réfléchissent à laisser expirer ou à prolonger une exemption aux sanctions, qui permet à la Russie de continuer à rembourser sa dette, et ainsi d’échapper au défaut de paiement, a déclaré mardi la secrétaire au Trésor, Janet Yellen.

C’est « quelque chose que nous examinons activement en ce moment. Nous voulons nous assurer que nous comprenons quelles seraient les conséquences et les retombées potentielles de l’expiration de la licence », a-t-elle indiqué.

Cette exemption, prise fin février, permet à la Russie, malgré les sanctions du Trésor américain, de continuer à rembourser sa dette en dollars détenus en Russie. Mais celle-ci expire le 25 mai, deux jours avant la prochaine échéance.

La Russie ne peut en revanche plus rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines, dans le cadre des sanctions renforcées prises par Washington le 5 avril. Moscou avait alors tenté de régler en roubles une dette en dollars.

« Nous n’avons pas encore pris de décision », mais cela interviendra « rapidement », a ajouté la ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden, lors d’une audition au Sénat.

« Nous participons activement à une évaluation des risques et de l’impact du non-renouvellement de l’exemption », a-t-elle encore souligné.

La prochaine échéance, le 27 mai, porte sur 100 millions d’euros d’intérêts pour deux obligations : l’une impose un paiement uniquement en dollars, en euros, en livres ou en francs suisses ; l’autre peut éventuellement être payée en roubles.

Le gouvernement russe devra, ensuite, encore faire face à douze échéances en 2022.

La gouverneure de la Banque centrale russe Elvira Nabioullina avait assuré le 29 avril qu’on « ne peut pas parler de défaut », tout en reconnaissant que Moscou fait face à des « difficultés de paiements ».

La dette extérieure de la Russie représente, selon son ministère des Finances, environ 4500 à 4700 milliards de roubles (une cinquantaine de milliards d’euros au taux actuel), soit 20 % de la dette publique totale.

La Russie a manqué des paiements sur des dettes intérieures en roubles lors de la crise financière de 1998, mais n’a pas fait défaut sur sa dette étrangère depuis 1918 lorsque le leader bolchévique Vladimir Lénine avait refusé de reconnaître la dette héritée du régime tsariste renversé lors de la révolution de 1917.