L’emploi a reculé au Québec en avril, mais le taux de chômage a aussi légèrement baissé pour atteindre 3,9 %, indique Statistique Canada.

Le taux de chômage au Québec est passé de 4,1 % en mars à 3,9 % en avril, ce qui est le taux le plus faible jamais enregistré dans la province.

Après s’être établi à un creux record de 5,3 % en mars au Canada, le taux de chômage a encore diminué légèrement de 0,1 point de pourcentage pour se chiffrer à 5,2 % en avril. Il s’agit donc d’un nouveau record depuis que des données comparables existent, soit depuis 1976. Le taux de chômage est passé de 5,3 % à 5,4 % en Ontario.

27 000 emplois de moins

Le taux de chômage a baissé au Québec en avril malgré la perte de près de 27 000 emplois. Les emplois ont disparu dans la construction (16 500), les services d’enseignement (10 200) et dans le commerce de gros et de détail (9100).

Il ne faut pas s’en étonner, explique Joëlle Noreau, économiste de Desjardins. « La diminution des emplois fait suite à deux mois de croissance rapide, souligne-t-elle.

La demande de travailleurs reste élevée, mais le nombre de personnes disponibles est limité. « Le taux de chômage devrait diminuer moins rapidement dans les prochains mois », prévoit l’économiste.

Un taux de chômage de 2,5 % à Québec

C’est la ville Québec qui affiche le plus bas taux de chômage au Canada, avec 2,5 %, en baisse 0,2 % en avril (moyenne mobile trois mois). Il ne s’agit toutefois pas de la meilleure performance de Québec puisqu’à l’été 2019, le taux de chômage avait atteint un creux historique de 2,4 %.

Un taux de chômage aussi bas est inquiétant pour la croissance économique de la région de Québec, estime Émile Émond, économiste de Québec International. « Dans les mois à venir, la compétition pour l’embauche de travailleurs continuera d’être forte et pourrait être exacerbée par l’arrivée du beau temps et le début de la saison touristique », souligne-t-il.

À Montréal, le taux de chômage est passé de 5,1 % en mars à 4,8 % en avril. La métropole se situe au troisième rang, après Québec et Ottawa, du plus bas taux de chômage parmi les principales villes canadiennes.

Le pouvoir d’achat s’effrite moins au Québec

Statistique Canada indique que le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 % en avril. Étant donné que le taux d’inflation est supérieur à 6 %, le pouvoir d’achat des travailleurs canadiens continue de diminuer.

Au Québec toutefois, le portrait est différent. « Les salaires augmentent plus rapidement au Québec qu’au Canada depuis l’automne 2021, souligne l’Institut du Québec.

Au Québec, la croissance annuelle des salaires moyens a été de 5,5 % en avril 2022, comparativement à 3,3 % au Canada. « L’IPC a augmenté de la même manière au Québec et au Canada au cours de la même période, conséquemment, le pouvoir d’achat des travailleurs québécois s’est moins dégradé que dans le Canada », selon l’Institut du Québec.

Le salaire horaire moyen est de 30,23 $ au Québec et de 31,06 $ au Canada.

Une création d’emplois décevante

L’économie canadienne a ajouté 15 000 emplois en avril, un nombre inférieur aux prévisions des économistes et très en deçà des mois précédents. Les économistes de la Banque Nationale notent que le secteur de la construction affiche 21 000 emplois de moins. « Nous suivrons de près ce dernier secteur dans les mois à venir, étant donné sa grande sensibilité à la hausse des taux d’intérêt », précisent-ils.

Le marché de travail reste néanmoins solide, selon eux, et les entreprises devront gérer des pressions salariales, en plus de la hausse des prix de leurs intrants. « Par conséquent, la politique monétaire est encore beaucoup trop accommodante », estiment-ils en prévoyant d’autres hausses de taux d’ici l’été.

Le chômage à 3,6 % aux États-Unis

L’économie américaine a créé 428 000 emplois de plus en avril, le douzième mois consécutif avec une création d’emplois supérieure à 400 000. Le taux de chômage est resté inchangé à 3,6 %, tout près de son record de 3,5 % enregistré avant la pandémie.

Les nouveaux emplois se retrouvent dans le secteur manufacturier, et dans le secteur de l’hébergement et de la restauration.

Il y a 5,9 millions de chômeurs aux États-Unis, mais selon le ministère américain du Travail, le nombre d’emplois disponibles est presque le double, à 11 millions. La bonne tenue du marché de l’emploi devrait conforter la Réserve fédérale américaine à continuer d’augmenter ses taux d’intérêt pour apaiser l’inflation.

La banque centrale des États-Unis a relevé mercredi son taux directeur de 50 points de base, pour le fixer entre 0,50 % et 1 %.