Les fermetures visant à stopper un nombre croissant de flambées de COVID-19 ont paralysé la logistique et augmenté le chômage dans toute la Chine, ce qui a incité les dirigeants du pays à ordonner la semaine dernière un large éventail de mesures pour empêcher l’économie de ralentir davantage.

De nombreuses entreprises seront autorisées à ne plus payer l’assurance-emploi au gouvernement, à condition qu’elles évitent les licenciements massifs. Les frais d’électricité et d’internet seront réduits pour les entreprises. Les jeunes qui sortent actuellement de l’université seront subventionnés pour créer leur propre entreprise, car peu d’emplois sont disponibles.

Les chauffeurs routiers recevront beaucoup plus de permis pour contourner les barrages routiers COVID-19. Et les travailleurs migrants recevront des allocations gouvernementales s’ils ne trouvent pas d’emploi.

« Nous devons maintenant accorder une plus grande importance à la stabilisation de l’emploi », a déclaré le premier ministre Li Keqiang dans un communiqué publié mercredi dernier à l’issue d’une réunion du cabinet. « La nouvelle série de poussées de COVID-19 a frappé l’emploi assez durement. »

Accélérer les investissements

Le président chinois Xi Jinping a convoqué mardi une réunion distincte des hauts responsables du Parti communiste pour planifier l’accélération des investissements dans les infrastructures. Ces investissements ont été l’un des piliers des efforts déployés par le passé en Chine pour lutter contre le ralentissement économique, mais ils sont parfois lents à démarrer et ont déjà lourdement endetté de nombreux gouvernements locaux.

Certaines villes tentent d’agir plus énergiquement et plus rapidement pour relancer l’économie. Deux très riches ports, Shenzhen et Ningbo, ont commencé jeudi dernier à donner à leurs résidants une série de chèques-cadeaux pour le magasinage et la restauration équivalant en tout à 156 millions CAN.

« Je pense que ce que vous voyez à Ningbo et à Shenzhen se reproduira à l’échelle nationale », a déclaré Xu Sitao, économiste en chef du bureau de Pékin de Deloitte.

La meilleure politique, ce n’est pas de construire un autre métro, c’est de se concentrer sur les dépenses de consommation.

Xu Sitao, économiste en chef du bureau de Pékin de Deloitte

La Ville de Pékin a révélé jeudi dernier en fin d’après-midi qu’elle avait découvert 56 cas de coronavirus au cours des 24 heures précédentes, contre 46 le jour précédent. La Ville a mobilisé 139 000 travailleurs médicaux et membres du personnel de soutien dans le cadre d’un effort massif visant à tester la quasi-totalité de ses 22 millions d’habitants tous les deux jours pendant cinq jours cette semaine.

Pékin a également annoncé jeudi que son système scolaire serait fermé le lendemain et que les élèves commenceraient un jour plus tôt le congé de la fête des travailleurs du 1er mai. Les responsables de la ville ont déclaré qu’ils décideraient dans les prochains jours si les cours reprendraient comme prévu après les vacances.

Ne plus sortir de l’usine ou quitter les quais

Les problèmes économiques plus généraux de la Chine sont illustrés par les récentes difficultés de Gao Yang, supérieur d’un fabricant d’équipements électriques industriels établi à Tangshan, centre sidérurgique proche de Pékin.

La ville est soumise à des fermetures intermittentes depuis plus d’un mois. Le gouvernement local a autorisé certaines entreprises, dont celle de Gao, à reprendre la production si les travailleurs mangent, dorment et vivent dans les usines sans en sortir. Mais son usine ne peut toujours pas redémarrer ses activités, car les camions ne peuvent pas faire entrer les matières premières dans la ville.

« Nombre de pièces et d’accessoires en provenance d’autres régions ne peuvent pas entrer, a-t-il déclaré. Donc, même si nous reprenons le travail, nous ne sommes pas en mesure de produire. »

Certaines entreprises, notamment dans l’industrie automobile, commencent à rouvrir, mais souvent à des niveaux de production très bas.

Volkswagen, leader du marché de l’industrie automobile chinoise, a commencé la semaine dernière à rouvrir progressivement sa grande usine d’assemblage dans la province de Jilin, dans le nord-est du pays, après une fermeture de cinq semaines déclenchée par un long confinement. Cette semaine, Volkswagen a commencé à rouvrir progressivement son complexe industriel encore plus grand de la banlieue de Shanghai.

La hausse constante des exportations, associée à la faiblesse de la demande d’importations, a été un moteur essentiel de l’économie chinoise au cours des deux dernières années. Mais elles ont également alimenté les tensions commerciales croissantes, notamment avec l’Europe, qui a vu son commerce presque équilibré avec la Chine se transformer en un important déficit qui a nui à la croissance économique et à l’emploi dans cette région.

Les ports chinois ont continué à fonctionner malgré les blocages actuels et, depuis l’année dernière, de nombreux travailleurs portuaires doivent vivre à temps plein sur les quais pendant des mois pour éviter les infections. Mais les usines chinoises ont du mal à trouver des camions pour livrer leurs marchandises sur les quais.

Les taux de fret par conteneur au départ des ports chinois ont en fait diminué après avoir atteint des records au début de l’année. Les navires qui se consacraient auparavant au transport de marchandises directement vers les États-Unis depuis la Chine font désormais davantage d’escales ailleurs en Asie pour récupérer des marchandises.

« Lorsque les navires quittent la Chine pour se rendre dans le reste de l’Asie, il y a plus de capacité », a déclaré Sanjay Bhatia, PDG de Freightwalla, un transitaire en ligne établi à Mumbai, en Inde.

Les défis logistiques de la Chine ne cessent d’augmenter. Les transports aérien et ferroviaire sont de plus en plus paralysés par les blocages, avec un effet d’entraînement sur les hôtels, les restaurants et les autres entreprises du secteur des services.

L’immense aéroport international de Baiyun, à Canton, plaque tournante du sud de la Chine, a annulé 92 % de ses vols jeudi dernier après ce que l’aéroport a décrit comme une lecture anormale d’un test COVID-19 chez un seul employé.

L’aéroport de Baiyun est le plus important de Chine en volume de passagers et le deuxième en termes de fret, après l’aéroport international de Pudong, à Shanghai. Pékin, Shanghai et Chengdu comptent toutes trois plus de voyageurs aériens que Guangzhou, mais chacune de ces villes répartit son trafic aérien entre deux grands aéroports, tandis que l’aéroport de Baiyun gère l’ensemble de l’aviation de Canton.

Le trafic ferroviaire a également chuté, les villes et les provinces décourageant les visiteurs d’aller ailleurs en Chine. Zhou Min, directeur adjoint de la division des interventions d’urgence au ministère des Transports, a déclaré lors d’une conférence de presse que le trafic ferroviaire du week-end de la fête des travailleurs du 1er Mai serait en baisse de 62 % par rapport aux niveaux déjà faibles de l’année dernière.

Les grandes banques et les institutions internationales ont réagi en abaissant ces derniers jours leurs prévisions de croissance de l’économie chinoise pour cette année. La semaine dernière, le Fonds monétaire international a abaissé ses prévisions de croissance de la Chine à 4,4 %, contre 4,8 % précédemment.

L’objectif du gouvernement est toujours d’environ 5,5 %.

Cet article a été initialement publié dans The New York Times.

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