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« J’aimerais savoir pourquoi le rouble a repris sa valeur d’avant-guerre malgré les mesures prises par l’OTAN. » — Bernard Fontaine

Pour répondre à cette question, La Presse a fait appel aux compétences d’Hendrix Vachon, économiste principal au Mouvement Desjardins.

Le rouble n’est pas le meilleur indicateur de l’effet des mesures prises par l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, l’OTAN, indique d’entrée de jeu Hendrix Vachon. « Il faut considérer l’ensemble des indicateurs économiques », explique-t-il au téléphone.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Hendrix Vachon, économiste principal au Mouvement Desjardins

Le PIB

« La plupart des prévisionnistes s’attendent à ce que le PIB de la Russie descende de 10 % et même plus en 2022. Donc, le pays fera face à une grave crise économique, il n’y a aucun doute là-dessus, affirme l’économiste. Les prochains mois, les prochains trimestres seront très difficiles pour l’économie russe. »

Pourquoi le rouble a-t-il repris sa valeur ?

Après la débandade du rouble à la fin de février et au début de mars, les autorités russes ont appliqué plusieurs mesures pour soutenir le rouble.

Elles ont haussé les taux d’intérêt, obligé les entreprises du pays à détenir plus de roubles et suggéré fortement aux clients internationaux de payer en rouble. Ce qui a fait augmenter la demande pour cette monnaie.

« Ce ne sont pas tous les pays qui ont accepté de payer en roubles, précise l’expert, les pays de l’OTAN refusent de le faire. Mais certains acceptent lorsqu’ils achètent des produits de la Russie. Les mesures des autorités ont donc aidé à stabiliser la monnaie. »

Comme l’Occident a freiné les importations en Russie, qu’il y a eu beaucoup d’embargos commerciaux, les Russes ne peuvent plus vendre des roubles pour acheter les produits étrangers qu’ils aimeraient avoir. « Les Russes ne vendent plus de roubles, ce qui fait monter sa valeur », explique Hendrix Vachon.

Si empêcher d’importer des produits fait grimper la valeur du rouble, en contrepartie le pays manquera bientôt de pièces dans ses industries de l’informatique, de l’automobile et de l’aéronautique. « Donc d’importants problèmes sont à prévoir dans les prochains trimestres », poursuit M. Vachon.

L’économiste s’interroge aussi au sujet de la valeur réelle de la monnaie russe. Le rouble est moins échangé qu’avant et avec moins de pays que par le passé.

Est-ce que son prix est vraiment représentatif ? On a des doutes là-dessus. Il n’est plus autant soumis au prix que les investisseurs seraient prêts à payer en réalité. Il est peut-être donc artificiellement surévalué.

Hendrix Vachon, économiste principal au Mouvement Desjardins

« Toutes ces raisons font en sorte que le rouble semble bien aller, mais ce n’est pas un signe que l’économie va mieux ni que les mesures qu’on a appliquées n’ont pas d’effet. »

Selon l’expert, un coup fatal pourrait être asséné à l’économie russe si des pays européens arrêtaient d’acheter du pétrole ou du gaz russe. « On voit qu’en Europe, cette idée fait son chemin », conclut-il.

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