(Washington) La Banque mondiale a prévenu mardi que les prix des matières premières, qui ont atteint des niveaux historiquement élevés en raison de la guerre en Ukraine, resteraient élevés jusqu’à la fin de 2024.

Dans son nouveau rapport sur les perspectives des marchés des matières premières, l’agence indique que les prix de l’énergie, des aliments et des engrais ont subi le plus grand choc pour les matières premières depuis les années 1970.

« Comme c’était le cas à l’époque, le choc est aggravé par une augmentation des restrictions au commerce de denrées alimentaires, de carburant et d’engrais », a affirmé le vice-président de la Banque mondiale pour la croissance équitable, les finances et les institutions, Indermit Gill.

Les prix de l’énergie, qui, au cours des deux dernières années, ont enregistré leurs plus fortes augmentations depuis la crise pétrolière de 1973, devraient augmenter de plus de 50 % en 2022, avant de baisser en 2023 et 2024.

Le cours mondial du baril de pétrole de référence Brent, actuellement d’environ 105 $ US, devrait atteindre en moyenne 100 $ US pour l’ensemble de 2022. Il s’agit de son niveau le plus élevé depuis 2013 et d’une augmentation de plus de 40 % par rapport à 2021. Le prix du baril de West Texas Intermediate a rebondi mardi à environ 101 $ US.

Le cours du baril de Brent devrait se modérer à 92 $ US en 2023, bien au-dessus de sa moyenne quinquennale de 60 $ US.

Les prix du gaz naturel en Europe devraient être deux fois plus élevés en 2022 qu’ils ne l’étaient en 2021, tandis que ceux du charbon devraient être supérieurs de 80 %. Dans les deux cas, il s’agit de sommets historiques. Les prix élevés du gaz naturel font grimper les prix des engrais, ce qui exerce une pression sur les prix du secteur agricole.

Les prix des produits non énergétiques, y compris ceux de l’agriculture — secteur pour lequel la Russie et l’Ukraine sont de gros producteurs — et des métaux, devraient augmenter de près de 20 % en 2022 et se modérer également au cours des années suivantes.

Les prix des matières premières devraient rester bien au-dessus de la plus récente moyenne quinquennale.

La Banque mondiale a ajouté qu’une guerre prolongée ou des sanctions supplémentaires contre la Russie pourraient faire grimper les prix encore plus haut et les rendre plus volatils que prévu actuellement.

« Les marchés des matières premières connaissent l’un des plus grands chocs d’approvisionnement depuis des décennies à cause de la guerre en Ukraine », a expliqué Ayhan Kose, directeur du groupe qui a produit le rapport.

« L’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie qui en résulte a un lourd tribut humain et économique — et elle freinera probablement les progrès dans la réduction de la pauvreté. La hausse des prix des matières premières exacerbe les pressions inflationnistes déjà élevées dans le monde. »

Les prix du blé devraient augmenter de plus de 40 % et atteindre un niveau record cette année. Cela exercera une pression sur les économies en développement qui dépendent des importations de blé, en particulier celles de la Russie et de l’Ukraine.

Les prix des métaux devraient augmenter de 16 % en 2022 avant de baisser en 2023, mais resteront à des niveaux élevés.

Selon le rapport, la hausse des prix menace de perturber ou de retarder la transition vers des formes d’énergie plus propres, plusieurs pays annonçant des plans pour stimuler la production de combustibles fossiles, tandis que les prix élevés des métaux font grimper le coût des énergies renouvelables.