(Ottawa) Le gouvernement fédéral n’écarte pas l’idée de transformer certains immeubles de bureaux qu’il possède en logements dans les grandes villes du pays, y compris à Montréal, affirme la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier.

Le télétravail est là pour de bon pour de nombreux employés du gouvernement fédéral, a confié la ministre Fortier dans une entrevue accordée à La Presse. Résultat : Ottawa a l’obligation d’évaluer soigneusement ses besoins en matière de bureaux et de se défaire des locaux jugés excédentaires. Convertir ces locaux en logements pourrait être une des solutions qui s’offrent aux autorités fédérales pour s’attaquer à la crise du logement qui sévit dans plusieurs régions du pays, a-t-elle indiqué.

Mme Fortier a précisé que son ministère venait d’entreprendre cet examen et qu’il était donc impossible pour le moment de déterminer quels édifices fédéraux pourraient être convertis à d’autres fins.

Dans son dernier budget, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a annoncé la tenue d’un « examen exhaustif » des politiques stratégiques du gouvernement fédéral. Ce mandat incombe à la ministre Fortier et doit être mené avec l’ensemble des ministères. Elle a indiqué qu’un rapport préliminaire devrait être prêt d’ici six mois, et un rapport final devrait être soumis au moment du dépôt du prochain budget fédéral, au printemps prochain.

L’objectif de cet examen est de réaliser des économies de 6 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années et de 3 milliards de dollars par année d’ici 2026-2027.

Le recours accru « à des modalités de travail en mode virtuel ou à distance » fait évidemment partie de cet exercice.

« Nous avons appris beaucoup de choses durant la pandémie. […] À Ottawa, le centre-ville a été durement touché. Si des édifices fédéraux ne servent plus nos besoins, il faut explorer la possibilité de les transformer en d’autres choses. Aucune décision n’a encore été prise. Nous sommes au début de cet examen. Mais c’est important d’examiner toutes les options que nous avons devant nous », a expliqué la ministre Fortier.

« Explorer toutes les options »

En entrevue, elle a cité l’exemple d’un immeuble appartenant au gouvernement fédéral à Thunder Bay, en Ontario.

Situez l’immeuble sur une carte

L’immeuble en question, sis au 33 rue Court, a été transféré récemment à un groupe autochtone sans but lucratif. Les nouveaux propriétaires comptent convertir l’immeuble de bureaux excédentaires en espace résidentiel et commercial. Les plans prévoient l’aménagement de 42 logements dont 60 % seront des logements abordables. On y retrouvera aussi une garderie et un café internet.

« C’est un exemple qui est intéressant et qui nous incite à explorer toutes ces options. Le message qui est important, c’est que si l’on veut être plus stratégique dans nos politiques, il faut explorer ce genre d’options », a avancé la ministre, notant que cette transaction est survenue avant même le début de l’examen qu’elle doit mener.

« Il faut que l’on regarde cela de plus près, que ce soit à Montréal, à Ottawa ou à Toronto. On va regarder l’inventaire qu’on a et les besoins qu’on a pour s’assurer que l’on peut continuer à bien desservir la population. »

On sait qu’il va y avoir encore du travail qui va être fait dans les édifices fédéraux. Mais c’est appelé à changer. Chose certaine, le télétravail est là pour de bon et chaque ministère devra évaluer la combinaison comprenant le travail à distance et le travail au bureau.

Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor

Répondre à la crise

Au bureau de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, on accueille favorablement l’idée que l’examen fédéral puisse conduire à l’ajout de nouveaux logements dans la métropole.

« Chaque geste compte pour répondre à la crise du logement, qui est une priorité de notre administration. La Ville de Montréal est très active dans l’acquisition de terrains et nous analysons aussi le potentiel de nos bâtiments et terrains excédentaires pour le développement de logements sociaux et abordables », a indiqué Catherine Cadotte, l’attachée de presse principale de Mme Plante.

« L’initiative du gouvernent fédéral est donc un chantier qui est déjà en marche à Montréal, et nous la voyons d’un très bon œil. D’ailleurs, nous croyons fortement que l’accès à des terrains fédéraux pour le développement de logements sociaux et abordables, comme dans le secteur Bridge Bonaventure, par exemple, est un outil important pour répondre à la crise de l’abordabilité qui sévit dans la métropole », a-t-elle souligné.