Démystifier l’économie Regard sur le PIB

Chaque samedi, un de nos journalistes répond, en compagnie d’experts, à l’une de vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc.

Pour répondre à cette question, La Presse a fait appel aux compétences de Pascal Bédard, qui est maître d’enseignement au département d’économie appliquée de HEC Montréal.

Qu’est-ce que le PIB ?

« Le PIB est le produit intérieur brut d’une économie sur un territoire déterminé ; le plus souvent un pays, mais aussi une province ou un État intérieur, ou un regroupement international de pays. Le PIB est la mesure de la production économique totale de ce territoire. Son évolution en hausse ou en baisse sert d’indicateur de base sur l’état de l’économie : en cycle de croissance, en stagnation, ou en cycle de décroissance comme lors d’une récession », explique Pascal Bédard.

Par ailleurs, il faut savoir qu’il y a deux formes principales de PIB. Il y a le PIB dit « nominal » parce qu’il est compilé en dollars courants, sans ajustement pour l’inflation. Il y a le PIB dit « réel » parce qu’il est calculé en dollars constants – depuis 2012 – afin de représenter les véritables variations des volumes et de valeurs de production, sans la distorsion engendrée par l’inflation sur les chiffres de revenus et de dépenses courants.

Des exemples récents ? L’économie du Québec a terminé l’année 2021 en forte reprise avec un PIB en croissance de 6,2 % en terme réel (excluant l’inflation à 3,8 %), mais à un peu plus de 13 % en terme nominal, en incluant l’inflation. Pour 2022, les prévisions pour l’économie du Québec cotent ces temps-ci aux environs de 3 % de croissance du PIB réel, alors que la croissance du PIB nominal est anticipée à près de 8,5 % en raison de l’inflation accrue aux environs de 5,5 %.

D’où proviennent les données du PIB ?

« Il y a deux grandes catégories de données utilisées par Statistique Canada : le PIB selon le total des revenus et le PIB selon le total des dépenses. C’est toutefois le PIB selon le total des dépenses qui est le plus utilisé à des fins d’analyse économique », explique Pascal Bédard.

Ces données de revenus et de dépenses proviennent des trois grands secteurs d’activités économiques : les consommateurs (environ 60 % du PIB), les entreprises (environ 20 % du PIB) et les divers ordres de gouvernement (environ 20 % du PIB).

Statistique Canada recueille ces données de revenus et de dépenses auprès d’un très vaste échantillon d’entreprises et de gouvernements.

Quelle est l’utilité du PIB ?

« Pour la population en général, la mesure et l’évolution du PIB de l’économie n’ont pas vraiment d’importance directe au jour le jour, estime Pascal Bédard. Au mieux, ça peut servir d’indicateur général sur l’état de l’économie afin de, par exemple, permettre aux gens en recherche d’emploi ou de meilleures conditions de travail de mieux jauger les perspectives d’emploi dans leur secteur d’activité. »

Mais pour les analystes et les décideurs en matière de politiques socio-économiques, souligne M. Bédard, ce sont habituellement des mesures dérivées du PIB qui s’avèrent les plus utiles.

« Prenez le PIB par habitant, par exemple. En règle générale, la progression du PIB par habitant correspond à une hausse des revenus des citoyens, ce qui facilite leur accès à des biens et services qui peuvent améliorer leur qualité de vie », explique Pascal Bédard.

« En contrepartie, il y a plein de nuances à considérer dans cette relation de cause à effet entre la progression du PIB par habitant et la qualité de vie de la population concernée. Par exemple, quels sont les avantages d’un PIB par habitant élevé dans une population où les inégalités de revenus ou le taux de criminalité sont aussi très élevés ? »