La Banque du Canada a mis les bouchées doubles pour combattre l’inflation en relevant son taux directeur de 50 points de base, le portant à 1 %.

« L’économie peut supporter des taux d’intérêt plus élevés et elle en a besoin », a expliqué le gouverneur Tiff Macklem dans la conférence de presse qui a suivi l’annonce de la hausse du taux directeur.

Le retour à la normale de la politique monétaire pourrait se faire plus rapidement que prévu, a laissé entendre le gouverneur. La dernière hausse de 50 points de base du taux directeur remonte à mai 2020.

La plupart des économistes s’attendaient à une augmentation costaude du taux directeur, étant donné que le taux de chômage au Canada est à son niveau le plus bas depuis que les statistiques existent, à 5,3 % et que l’inflation ne donne aucun signe d’apaisement. En février, l’indice des prix à la consommation était en hausse de 5,7 %.

Dans son Rapport sur la politique monétaire, la banque centrale prévoit que la forte croissance de l’économie canadienne se poursuivra, notamment en raison de la guerre en Ukraine qui a fait augmenter le prix de plusieurs produits exportés par le Canada, comme le pétrole, le blé et la potasse. L’impact de la guerre sur l’inflation canadienne peut être estimé à 0,7 %, selon la Banque du Canada.

Le taux d’inflation dépasse les prévisions de la banque centrale depuis des mois et elle s’attend maintenant à ce qu’il demeure élevé plus longtemps. En janvier, la banque prévoyait que le taux d’inflation moyen pour 2022 serait de 4,2 %. Elle prévoit maintenant qu’il sera de 6 % pendant la première moitié de l’année et de 5,3 % en moyenne annuelle.

Le retour à la cible de 2 % est maintenant prévu pour 2024.

L’économie canadienne devrait croître à un rythme plus élevé que prévu en janvier, soit de 4,25 % cette année et de 3,25 % en 2023. Le dernier budget fédéral aura un impact positif sur la croissance, mais il n’a pas d’impact sur les prévisions de la banque, a assuré Tiff Macklem.

Encore du travail à faire

La Banque du Canada a aussi annoncé qu’elle mettrait fin à ses achats d’obligations du gouvernement du Canada à compter du 25 avril, ce qui contribuera à resserrer les conditions monétaires et à calmer l’inflation.

L’augmentation des taux d’intérêt est le principal outil de la Banque du Canada pour calmer l’augmentation des prix. La hausse du directeur annoncé mercredi a un effet immédiat sur les taux hypothécaires à taux variables et les marges de crédit, mais son effet sur l’ensemble de l’économie met des mois à se faire sentir.

À 1 %, le taux directeur reste à un niveau historiquement bas. Les plans de la Banque du Canada d’agir graduellement pour ramener les taux d’intérêt à un niveau plus normal ont été bousculés par la guerre en Ukraine et la vigueur de l’économie canadienne. Elle se dit maintenant prête à agir « avec force » pour empêcher les attentes inflationnistes de s’installer et d’alimenter la hausse des prix. « Il est clair que nous avons encore du travail à faire », estime Tiff Macklem.

Le nombre et la fréquence des hausses de taux à venir dépendront de la réaction de l’économie. « Nous ne sommes pas sur le pilote automatique », a dit le gouverneur. Le taux directeur devrait idéalement se situer entre 2 à 3 %, mais la banque n’a pas de cible de taux d’intérêt, mais une cible d’inflation, a-t-il souligné.

La Banque du Canada a ouvert la porte à une autre hausse de 50 points de base lors de sa prochaine annonce, estime Randall Bartlett, directeur principal de Desjardins, qui prévoit que le taux directeur sera à 2 % à la fin de l’année.

« Nous nous attendons à ce que la Banque hausse les taux à chaque réunion jusqu’au troisième trimestre de cette année et pensons que le taux directeur terminera l’année à pas moins de 2 % », ont indiqué les économistes de la Banque Nationale.

La prochaine décision sur le taux est le 1er juin.