(New York) Le yen fondait lundi et approchait de son plus bas niveau en 20 ans face au dollar américain, plombé par la perspective d’une politique monétaire très souple au Japon, tandis que l’euro restait stable après le premier tour de la présidentielle française.

Vers 14 h, le yen perdait 0,96 % à 125,55 yens pour un dollar, après avoir baissé jusqu’à 125,77 yens, un niveau plus vu depuis 2015.

S’il devait franchir à la baisse le seuil de 125,86 yens pour un dollar, le yen serait au plus bas depuis 2002.

La devise japonaise souffrait aussi de l’envolée des rendements obligataires américains, alors que le taux sur les bons du Trésor à dix ans grimpaient à 2,78 % (+3,18 % lundi), un plus haut depuis janvier 2019.

Le gouvernement américain doit publier mardi l’inflation pour mars et le porte-parole de la Maison-Blanche a d’ores et déjà reconnu lundi qu’elle serait « extraordinairement élevée ».

Depuis le début de l’année, le yen a perdu 8,3 % face au billet vert (-4,2 % face à l’euro, à 136,73 yens).

Contrairement à ses homologues en zone euro ou aux États-Unis, le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) Haruhiko Kuroda ne s’inquiète pas outre mesure du niveau de l’inflation, bien plus bas au Japon qu’en Occident.

Il a affirmé lundi que son institut pourrait assouplir sa politique monétaire.

« La BoJ s’inquiète peut-être de la rapidité du déclin du yen, mais est en faveur de tout ce qui pourrait permettre au Japon de sortir du piège déflationniste dans lequel le pays est pris » depuis des années, commente Kit Juckes, analyste chez Société Générale.

Résultat, malgré le conflit en Ukraine, « l’aversion au risque ne profite pas au yen », pourtant habituellement considéré comme une valeur refuge, remarque Stephen Innes, analyste chez SPI AM.

L’économie japonaise est par ailleurs étroitement liée à la Chine, où l’inflation a accéléré en mars (+1,5 %) alors qu’un regain de COVID-19 a entraîné la mise sous cloche de plusieurs régions.

Pour sa part, l’euro tenait bon, grappillant 0,06 % à 1,0884 dollar pour un euro, s’éloignant un peu de son plus bas en un mois atteint vendredi.

L’arrivée en tête du président sortant Emmanuel Macron, qui affrontera le 24 avril la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, a légèrement rassuré les marchés.

« M. Macron est clairement perçu comme le candidat qui va profiter aux marchés, notamment avec sa passion pour l’unité européenne », alors que Mme Le Pen a adopté des postions hostiles à l’intégration européenne, commente Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor.

Mais selon Shaun Osborne de Scotiabank, « si les sondages du second tour penchent considérablement en faveur de Mme Le Pen, on peut s’attendre à ce que l’euro touche son creux de 1,0636, atteint pendant la pandémie, dans les jours ou les semaines à venir ».

En revanche, si les électeurs de gauche s’orientent « vers un report sur M. Macron, sa réélection, qui calmerait les inquiétudes sur les marchés, pourrait aider l’euro […] à revenir au-dessus de 1,10 », a ajouté le stratège du marché des changes chez Scotiabank.

Avant le second tour, les cambistes se focaliseront jeudi sur la Banque centrale européenne (BCE).

Le bitcoin perdait 6,22 % à 40 442 dollars.