(Washington) Le marché de l’emploi aux États-Unis a confirmé sa solidité en mars, avec un taux de chômage frôlant désormais son niveau historiquement bas d’avant la pandémie, et surtout un frémissement d’amélioration sur le front de la pénurie de main-d’œuvre.

L’économie américaine est à nouveau « en mouvement », et « les Américains sont de retour au travail », a salué depuis la Maison-Blanche le président américain Joe Biden, qui se réjouit de cette « bonne nouvelle pour des millions de familles qui ont un peu plus de marge de manœuvre et […] juste la dignité d’avoir un emploi ».

Le taux de chômage est tombé à 3,6 %, en recul de 0,2 point par rapport à février, selon les données du département du Travail publiées vendredi. Il retrouve ainsi presque son niveau de février 2020, lorsqu’il était de 3,5 %, son plus bas niveau en 50 ans, juste avant que la COVID-19 ne mette sous cloche l’activité économique.

De nombreux travailleurs, qui avaient quitté le marché de l’emploi depuis le début de la pandémie, y font leur retour : préretraités, mères de famille ayant mis entre parenthèses leur vie professionnelle face aux difficultés de garde d’enfants, salariés inquiets pour leur santé…

Le taux de participation des Américains au marché de l’emploi continue ainsi de progresser doucement, à 62,4 % (+0,1 point par rapport à février), son plus haut niveau depuis mars 2020. Mais c’est toujours bien inférieur aux 63,4 % d’avant la crise.

« Les gens gagnent plus d’argent. Ils trouvent de meilleurs emplois », a encore souligné Joe Biden, saluant une amélioration « due depuis longtemps », et qui arrive « après des décennies à être mal traités et trop peu payés ».

Salaires en hausse de 5,6 %

Sa promesse de relever le salaire minimum à 15 dollars de l’heure restée bloquée au Congrès, mais ce montant est, dans les faits, souvent atteint voire dépassé.

La pénurie de main-d’œuvre a conduit les entreprises à se livrer ces derniers mois à une surenchère pour attirer les candidats, faisant grimper les salaires, et provoquant le mouvement de « Grande démission », les salariés démissionnant massivement pour profiter de meilleures conditions chez un autre employeur.

Cela a amélioré la situation de millions de salariés, mais a également alimenté l’inflation. Le salaire horaire moyen dans le secteur privé a grimpé à 31,73 dollars en mars, 5,6 % de plus qu’il y a un an, selon le département du Travail.

Ce rythme devrait « continuer d’attirer les individus vers le marché du travail », un mouvement « [essentiel] pour atténuer certaines des pressions inflationnistes actuelles », a commenté Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour Oxford Economics.

Et d’ores et déjà, « certains employeurs américains signalent que l’embauche devient plus facile », avait souligné Andrew Challenger, vice-président du cabinet de consultants Challenger, Gray & Christmas, dans une étude publiée jeudi.

Il explique ce retournement par les conditions offertes par les entreprises, ainsi que par « les impacts de l’inflation et les préoccupations liées à la guerre poussent les travailleurs qui dépendaient de l’épargne ou des investissements à rechercher un emploi ».

La hausse des salaires, ainsi, pourrait bientôt plafonner, relève Nick Bunker, économiste pour le site d’annonces d’emplois Indeed. « Les tendances récentes suggèrent que la croissance des salaires s’est stabilisée », alors que « les inquiétudes concernant l’offre de main-d’œuvre de l’année dernière continuent de s’estomper », ajoute-t-il.

Grande démission

Les créations d’emplois, en revanche, ont été un peu décevantes en mars, avec 431 000 emplois créés. C’est bien moins que les 750 000 de février, mais il s’agissait alors d’un fort rebond, alors que la menace Omicron s’éloignait.

Ainsi, en mars, « des gains d’emploi notables se sont poursuivis dans les loisirs et l’hôtellerie, les services professionnels et commerciaux, le commerce de détail et l’industrie manufacturière », a détaillé le ministère dans son communiqué.

Il manque toujours, cependant, 1,6 million d’emplois par rapport à février 2020.

Selon les données les plus récentes disponibles publiées mardi, 4,4 millions de personnes ont démissionné en février, un niveau quasi équivalent à janvier. Le record historique avait été atteint en novembre 2021, avec 4,5 millions de démissions.

Le nombre de bénéficiaires d’une allocation chômage est même tombé, mi-mars, à son plus bas niveau depuis 1969.

Le niveau de l’emploi aux États-Unis est actuellement « malsain », avait estimé récemment le président de la banque centrale américaine (Fed).