(Ottawa) L’économie canadienne s’est débattue en janvier, malgré une augmentation des cas de COVID-19 et la disparition de 200 000 emplois, pour dégager un gain mensuel de 0,2 %, a indiqué jeudi Statistique Canada.

Les industries productrices de biens ont alimenté les gains de janvier. L’agence fédérale a noté que le secteur de la construction avait augmenté pour une troisième fois en quatre mois, et que celui du commerce de gros avait connu son plus important gain mensuel depuis juillet 2020.

La construction résidentielle a augmenté de 4,3 % en janvier, ce qui, selon Statistique Canada, a plus que contrebalancé les deux mois de contractions précédents. Ce gain mensuel était en outre le plus important depuis mars 2021.

On ne peut pas en dire autant du secteur des services qui, dans son ensemble, a enregistré une croissance nulle en janvier.

Le secteur de l’hébergement et des services de restauration et celui des arts, des spectacles et des loisirs ont chacun enregistré leur plus forte baisse mensuelle depuis la première vague de la pandémie de COVID-19, en avril 2020.

Statistique Canada a également signalé que l’extraction minière, l’exploitation en carrière, et l’extraction de pétrole et de gaz naturel étaient en baisse pour un troisième mois consécutif.

L’agence fédérale a souligné que son estimation initiale suggérait que l’économie avait augmenté de 0,8 % en février, affirmant que de nombreux secteurs en baisse en janvier avaient rebondi le mois suivant.

Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique chez Desjardins, a observé qu’après s’être débranchée tout au long du mois de janvier, l’économie semblait avoir appuyé de nouveau sur l’accélérateur en février, les services ayant été soutenus par l’atténuation du variant Omicron et l’assouplissement des restrictions.

Statistique Canada publiera une version finale des données de février à la fin du mois d’avril.

L’économiste Andrew Grantham, de la Banque CIBC, estime quant à lui que les chiffres étonnamment résistants de janvier et les premières estimations pour février placent la croissance économique du premier trimestre en avance sur les prévisions faites au début de l’année.

Il s’attend désormais à ce que l’économie progresse à un taux annualisé de 4 % au premier trimestre, une prévision deux fois plus élevée que celle de 2 % faite par la Banque du Canada en janvier, dans ses perspectives économiques.

Croissance moins rapide pour le reste de l’année ?

Mais M. Grantham note que la croissance pendant le reste de l’année devrait être plus lente en raison de l’impact de la forte inflation sur les finances des ménages, des problèmes potentiels de chaîne d’approvisionnement résultant de l’invasion russe de l’Ukraine et de la hausse des taux d’intérêt, qui devrait ralentir l’essor du marché immobilier.

« Les conditions géopolitiques forcent les flux commerciaux mondiaux à se modifier et les pays se tournent vers le Canada en tant que fournisseur fiable et sûr de matières premières », a expliqué l’économiste Tu Nguyen, de la firme RSM Canada.

« Cela signifie que les secteurs des produits de base, comme les secteurs minier, agricole, pétrolier et gazier, au Canada, se redressent et qu’ils devraient être très solides cette année. Ils doivent combler cette lacune sur le marché mondial », a-t-elle indiqué.

Mme Nguyen a également affirmé que des entreprises comme les restaurants et les bars, durement touchées en janvier, devraient rebondir dans les mois à venir, tant que l’économie reste ouverte et que la hausse des coûts n’entraîne pas des augmentations de prix qui repoussent les clients.

La hausse des coûts pèse sur les petites et moyennes entreprises (PME) qui, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, pourraient ralentir leur reprise et leur retour au niveau de ventes d’avant la pandémie.

La dernière enquête de l’association auprès de ses membres a fait état d’inquiétudes concernant les coûts du carburant et de l’énergie, même si les résultats suggèrent que leurs perspectives à court terme sont les plus optimistes depuis le début de la pandémie.

« Après deux ans de pandémie, cela fait du bien de voir que les propriétaires de PME sont plus confiants en l’avenir », a souligné dans un communiqué la directrice de l’économie de la FCEI, Andreea Bourgeois. « Mais cela ne veut pas dire qu’ils ont les moyens d’absorber de nouveaux coûts. »

C’est pourquoi l’association espère obtenir un certain soulagement avec le budget fédéral de la semaine prochaine.

La publication du rapport sur le PIB de jeudi survient une semaine avant le jour du budget à Ottawa et plusieurs s’attendent à ce que les finances fédérales soient plus roses que prévu. Une croissance économique plus rapide que prévu pourrait faire en sorte que le gouvernement libéral se retrouve avec une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire grâce à des revenus plus élevés et à des dépenses d’aide à la pandémie plus faibles que prévu.