L’économie québécoise a continué sa progression au quatrième trimestre de 2021, alors que son produit intérieur brut (PIB) a terminé l’année 2021 avec une croissance forte de 6,2 % par rapport à l’année précédente, soit une hausse de 1,1 % par rapport au trimestre précédent.

Cette progression ramène le PIB du Québec au-delà du niveau observé en fin d’année 2019, effaçant ainsi le recul de 5,5 % enregistré en 2020, révèlent les données publiées jeudi par l’Institut de la statistique du Québec.

« En fin d’année 2021, l’économie du Québec a récupéré complètement les pertes subies durant la pandémie en 2020 », constate Daren King, économiste à la Banque Nationale, dans un billet d’analyse conjoncturelle.

« En décembre 2021, le PIB du Québec était de 2,2 % supérieur au niveau observé en février 2020, soit juste avant la pandémie. Ça montre aussi que la reprise [au Québec] était plus importante que dans l’ensemble du pays, alors que le PIB du Canada a terminé 2021 à seulement 0,4 % au-dessus de son niveau prépandémique. »

Ralentissement de la croissance

Même encore forte en fin d’année 2021, la croissance du PIB du Québec au quatrième trimestre s’affiche néanmoins en ralentissement par rapport aux trimestres précédents.

En comparaison sur un an, la croissance du PIB au quatrième trimestre 2021 s’est maintenue à 4,5 % par rapport au quatrième trimestre de 2020. Et ce, pour un deuxième trimestre consécutif, signale Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins, dans un billet d’analyse conjoncturelle.

« Malgré la forte croissance du PIB réel au dernier trimestre, la faiblesse de plusieurs composantes atténue les résultats [en termes annualisés]. Entre autres, le recul des dépenses en biens n’a pu être entièrement compensé par la remontée des dépenses en services qui se poursuit depuis le début de 2021 », note Mme Bégin.

À la Banque Nationale, l’économiste Daren King constate que « dans la seconde moitié de 2021, la croissance au Québec fut plus lente que dans l’ensemble du Canada ».

Il note que la croissance annualisée du PIB du Québec s’est maintenue à 4,5 % au troisième et au quatrième trimestre, par rapport à 5,5 % au troisième trimestre et à 6,7 % au quatrième trimestre pour l’ensemble de l’économie canadienne.

Refroidissement dans l’immobilier

De l’avis d’économistes, le ralentissement de la croissance annualisée du PIB du Québec observé en fin d’année 2021 découle d’un élargissement des écarts de performance entre les principaux secteurs de l’économie.

« La croissance au quatrième trimestre s’explique principalement par une reconstitution des inventaires [des entreprises] et la croissance du commerce international, alors que la demande intérieure a fait essentiellement du surplace », indique Daren King.

« En fait, sans la hausse des dépenses gouvernementales et l’investissement en machinerie et équipement [des entreprises], la demande intérieure aurait connu un recul durant le trimestre en raison des replis de la consommation et de l’investissement résidentiel. »

Chez Desjardins, l’économiste Hélène Bégin constate aussi que « l’investissement résidentiel s’est de nouveau refroidi » au quatrième trimestre, à la suite de « la tendance baissière qui s’est amorcée au deuxième trimestre » après le sommet des mises en chantier atteint au début de 2021.

En contrepartie positive, Mme Bégin signale que « la remontée des investissements en machinerie et outillage [en croissance annuelle de 15,7 % ] constitue une bonne nouvelle pour les entreprises. Cet effort doit se poursuivre dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et d’augmentation des coûts des entreprises ».

L’épargne des Québécois pourrait sauver la mise

À quoi faudra-t-il s’attendre au cours des prochains trimestres ?

Selon Daren King, de la Banque Nationale, « la faiblesse de la consommation [en fin d’année 2021] devrait être passagère et se redresser en 2022 ».

« La hausse des prix des matières premières représente un frein, mais le taux d’épargne élevé [des ménages] et le marché du travail au plein emploi permettent de rester optimistes », indique-t-il.

« Qui plus est, l’endettement des ménages québécois, qui demeure inférieur à celui du reste du Canada, augure un choc des paiements moindre dans un contexte de relèvement des taux d’intérêt. »

Chez Desjardins, Hélène Bégin prévoit que « la forte croissance survenue à la fin de 2021 devrait faire place à un rythme plus lent en première moitié de 2022 ».

Tributaire de la guerre en Ukraine

« Même si l’essentiel des restrictions sanitaires sont maintenant levées au Québec, les risques [pour l’économie] ont monté d’un cran en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, indique Mme Bégin. Les exportations seront affectées par la perte de vitesse de l’économie mondiale, particulièrement en Europe. La confiance des ménages et des entreprises pourrait être ébranlée, ce qui freinerait leurs dépenses et leurs investissements. » Les perspectives seront sombres pour le prochain trimestre, selon l’économiste. « Le contexte économique mondial sera moins favorable d’ici l’été, et l’économie du Québec n’échappera pas à un ralentissement », estime-t-elle.