Accroître la richesse des Québécois passe par une meilleure productivité des entreprises. Le budget propose une stratégie en recherche et innovation pour y arriver. Toutefois, ce sont des moyens pour atténuer les effets de la pénurie de main-d’œuvre que les associations patronales attendaient.

Cette stratégie constitue la principale mesure s’adressant aux entreprises dans le budget du ministre des Finances, Eric Girard. Le gouvernement réserve un budget de 1,3 milliard en cinq ans : 280 millions pendant les trois premières années, à compter de 2022-2023, puis 230 millions par la suite.

Elle vise à financer la recherche, favoriser la commercialisation des découvertes et soutenir l’entrepreneuriat technologique. En plus de cette somme de 1,3 milliard, le gouvernement débloque 600 millions pour soutenir la création d’entreprises innovantes, dont 500 millions à un fonds de capital d’investissement et 100 millions dans le Programme impulsion PME.

Cette stratégie découle d’un exercice de consultation récent qui a gravité autour de la tenue du Grand Rendez-Vous de l’innovation québécoise.

Le budget Girard laisse toutefois les associations patronales sur leur faim. Pour la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), on ne fait rien pour alléger le fardeau fiscal des PME et régler la crise de la pénurie de main-d’œuvre.

« On s’attendait à plus, affirme François Vincent, vice-président pour le Québec de l’organisation. Le fardeau fiscal des PME est le plus lourd au Canada. L’inflation touche aussi les entreprises. Certaines ne fonctionnent pas à plein régime, et c’est parce qu’elles manquent de personnel et qu’elles sont surtaxées. »

Le discours est similaire chez Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ). Sa présidente-directrice générale, Véronique Proulx, aurait aimé voir des incitatifs financiers pour favoriser la régionalisation des travailleurs immigrants.

« Il y a plus de [31 000] postes vacants dans le secteur manufacturier et il n’y a rien dans le budget pour les combler, déplore-t-elle. Les manufacturiers œuvrent dans un contexte inédit d’inflation galopante, de pénurie de main-d’œuvre et de perturbation dans les chaînes d’approvisionnement. »

Autre mesure d’aide, le gouvernement prolonge d’un an la bonification temporaire du crédit d’impôt relatif à l’investissement et à l’innovation (C3i) qui devait se terminer le 31 décembre 2022. La nouvelle échéance est le 31 décembre 2023. Une entreprise, par exemple, qui achète de l’équipement pour améliorer sa productivité peut recevoir un crédit d’impôt deux fois plus important qu’avant la bonification. Des conditions d’admissibilité s’appliquent.

Transport aérien régional : vers des billets moins chers

Le gouvernement du Québec a fait son nid et dévoilera sous peu sa stratégie concernant le transport aérien régional. L’objectif est d’offrir aux voyageurs en région des tarifs concurrentiels. On ne connaît pas encore le modèle retenu par le gouvernement. Les détails seront dévoilés prochainement.

L’objectif, dit-on aux Finances, est de travailler directement avec les transporteurs aériens pour que ceux-ci puissent offrir des rabais aux voyageurs à destination des régions. Le gouvernement met de côté 234 millions sur cinq ans à cette fin.

Combien

Pour réduire les prix du transport aérien régional

234 millions sur cinq ans

« Les sommes qui sont là sont très intéressantes, affirme le président de l’Union des municipalités du Québec et maire de Gaspé, Daniel Côté. Le gouvernement veut soutenir les transporteurs existants et cela aidera. »

En 2022-2023, le gouvernement maintient pour la dernière fois son aide d’urgence aux transporteurs et aux aéroports régionaux. Ce coup de pouce, estimé à 21 millions, sert à maintenir un minimum de dessertes aériennes interrégionales en dépit de la baisse d’achalandage attribuable à la pandémie.

À compter de 2022-2023, cette aide temporaire fera place à un programme de cinq ans.

Le gouvernement justifie son intervention dans ce secteur d’activité pour s’assurer que des collectivités isolées et insulaires reçoivent leurs approvisionnements et que les travailleurs essentiels se rendent sur place.

Plus de vols directs internationaux à partir de Montréal

Après l’instauration de vols directs entre Montréal et le Japon et la Chine, Québec veut voir de nouvelles destinations accessibles par des vols directs en partance des aéroports Jean-Lesage et Montréal-Trudeau. Une somme de 10 millions sera consacrée à financer les efforts de démarchage des responsables de l’industrie touristique auprès des transporteurs et des autorités portuaires visés.

Le gouvernement québécois est d’avis qu’une meilleure desserte aérienne internationale se traduisant par plus d’exploitants, une fréquence accrue des vols et une réduction du temps de vol favorise la compétitivité des acteurs économiques.

Passer la douane à la gare Centrale

Avez-vous déjà pris le train pour New York ? Le cas échéant, vous savez que le voyage est interminable, notamment à cause du délai d’une à deux heures pour passer la douane. Le gouvernement va financer une étude de faisabilité pour concevoir une aire de services de prédédouanement américain comme on trouve à l’aéroport Montréal-Trudeau lorsque le voyageur s’envole pour les États-Unis.