(Paris) Baisser la vitesse sur route, télétravailler, rendre les transports publics moins chers : l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a dévoilé vendredi des mesures pour réduire rapidement la consommation de pétrole, face au risque de choc causé par l’invasion russe en Ukraine.

L’ensemble de ces 10 mesures permettraient de réduire la consommation de pétrole de 2,7 millions de barils par jour en quatre mois, l’équivalent de la consommation de toutes les voitures en Chine, selon l’AIE.

L’Agence, qui conseille des pays développés sur leur politique énergétique, a dit récemment craindre un « choc » sur l’offre pétrolière mondiale, à la suite des sanctions contre la Russie prises après son invasion de l’Ukraine, estimant que les barils russes ne pourront pas être facilement remplacés dans l’immédiat.

Son plan en 10 points, qui fait suite à un autre plan pour réduire la dépendance au gaz, se concentre sur le secteur des transports.

Il suggère donc de baisser d’au moins 10 km/h la vitesse autorisée sur autoroute, travailler de la maison jusqu’à 3 jours par semaine si possible, ou encore d’organiser des dimanches sans voiture dans les villes.

Parmi les autres mesures : baisser le prix des transports publics et encourager la marche et le recours au vélo, utiliser le train plutôt que l’avion si possible ou encore renforcer l’adoption des véhicules électriques.

Barbara Pompili, la ministre française de la Transition écologique, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a salué « des idées intéressantes » lors d’une conférence de presse.

Les 10 mesures d’urgence suggérées

— Réduire d’au moins 10 km/h les limitations de vitesse sur autoroute pour les voitures et les camions. Ce serait l’une des mesures les plus efficaces, estime l’AIE : environ 430 000 barils de pétrole économisés chaque jour.

« Nous l’avons déjà fait pour des raisons liées au trafic, ou à la pollution de l’air […]. Nous pouvons le faire de nouveau », a souligné le directeur de l’AIE, Fatih Birol.

— Télétravailler jusqu’à trois jours par semaine. Impact : un jour de télétravail, c’est 170 000 barils par jour (b/j) en moins, trois jours c’est 500 000. Dans les économies avancées, environ un tiers des emplois permettent de travailler de chez soi, note l’AIE.

— Des villes sans voiture le dimanche, comme le pratiquent déjà Paris, Tokyo, Bruxelles, Édimbourg… En 1973 le mouvement avait aussi été lancé en Suisse, en RFA ou encore aux Pays-Bas. Ce serait, aujourd’hui, 95 000 barils par jour économisés.

— Soutenir les transports publics (réduire le prix des billets, voire gratuité) et modes de déplacement doux. Environ 330 000 b/j économisés. En Nouvelle-Zélande par exemple, le prix des billets sera réduit de moitié ces trois prochains mois face à la hausse des prix des carburants.

— Circulation routière alternée dans les grandes villes (210 000 b/j en moins).

— Accroître l’autopartage, et l’efficacité énergétique de sa voiture (vérifier la pression des pneus, relever la température de climatisation moyenne de 3 °C…) : 470 000 b/j en moins seraient possibles.

— Promouvoir l’efficacité pour le fret routier et les livraisons (écoconduire, optimiser les chargements…), pour épargner 320 000 b/j.

— Préférer les TGV et trains de nuit à l’avion, pour environ 40 000 b/j.

— Éviter les voyages d’affaires en avion, quand des options alternatives existent : 260 000 b/j sauvés.

— Renforcer l’adoption de véhicules électriques ou plus efficaces (100 000 b/j économisés).