La hausse des prix s’est poursuivie au pays en février, alors que l’Indice des prix à la consommation (IPC) a progressé de 5,7 % en février. Et le pire pourrait être à venir dans les prochains mois, prévoient plusieurs économistes.

L’IPC de février ne tient pas entièrement compte de la flambée des prix du pétrole qui a suivi l’invasion de l’Ukraine ni du reconfinement dans plusieurs régions de la Chine qui ralentira les chaînes d’approvisionnement, observe Royce Mendes, chef de la stratégie macroéconomique chez Desjardins.

« L’inflation devrait encore s’accélérer avec de nouvelles pressions sur les prix émanant de la guerre en Ukraine, estime-t-il, et de possibles nouvelles vagues de COVID-19 perturbant les chaînes d’approvisionnement. »

Après avoir augmenté de 0,9 % en janvier, l’IPC a progressé de 1 % en février, a rapporté Statistique Canada mercredi, ce qui porte l’augmentation annuelle de l’indice à 5,7 %. C’est la plus forte hausse de l’IPC depuis août 1991.

Au Québec, le taux d’inflation est passé de 5,1 % en janvier à 5,4 % en février.

Le prix de l’énergie a encore une fois entraîné une hausse généralisée des prix des biens et services. Le prix de l’essence est en hausse de 32,3 % depuis un an, a observé Statistique Canada.

Sans l’essence, l’IPC a augmenté de 4,7 % en février.

Après l’essence, ce sont les aliments qui connaissent les hausses de prix les plus importantes depuis un an. La viande coûte 11,7 % de plus qu’il y a un an, notamment à cause de l’augmentation du prix du bœuf (+ 16,8 %) et du poulet (+ 10,4 %).

La hausse de prix obtenue le mois dernier par les producteurs de lait du Canada a entraîné l’augmentation des prix au détail du lait (+ 5,8 %) et du fromage (+ 3 %). Les prix du beurre et de la crème glacée ont aussi augmenté depuis un mois.

Ça coûte aussi plus cher de se loger pour les propriétaires comme pour les locataires. Les frais de logement sont en hausse de 6,6 % depuis un an, ce qui est la plus forte augmentation depuis 1983. Les loyers, de même que les coûts d’entretien et de rénovation, sont en hausse, mais le coût des hypothèques est toujours à la baisse, à - 6 % depuis un an.

Un pouvoir d’achat grugé

Statistique Canada souligne par ailleurs une augmentation importante des prix de certains biens qu’on achète moins souvent, comme les électroménagers. Les prix dans cette catégorie de produits sont en hausse de 7,8 %, à cause surtout des réfrigérateurs et des congélateurs (+ 15,6 %), des cuisinières (+ 9,4 %) et des laveuses, sécheuses et lave-vaisselle (+ 9,1 %) depuis un an.

Les ustensiles de cuisine, fortement demandés depuis que le télétravail s’est généralisé, ont connu une augmentation de prix de 10,4 % depuis un an.

La hausse rapide de l’inflation gruge le pouvoir d’achat des ménages canadiens, dont les salaires augmentent moins vite.

Une étude réalisée par les économistes de Desjardins arrive à la conclusion que l’augmentation rattrape les salaires, mais ne les dépasse pas encore. Les salaires réels (qui tiennent compte du taux d’inflation) sont 1,1 % plus élevés qu’avant la pandémie au Canada. « Le pouvoir d’achat des travailleurs ne s’est donc pas grandement apprécié, mais il ne s’est pas fait complètement ronger par l’inflation », conclut l’étude.

Au Québec, les salaires ont augmenté de 5,9 % depuis deux ans, selon l’Institut du Québec. Ils restent encore légèrement supérieurs à l’inflation de février, qui atteint 5,4 %.

Comme le marché du travail a récupéré le terrain perdu, tant au Québec qu’au Canada, les pénuries de main-d’œuvre sont réapparues et pousseront encore les salaires à la hausse.

La Banque du Canada doit donc continuer d’augmenter ses taux d’intérêt, malgré les incertitudes de l’impact de la guerre en Ukraine, estiment la plupart des économistes.

« Le taux de chômage indique le plein emploi, ce qui signifie que l’inflation des services pourrait rester élevée, soulignent les économistes de la Banque Nationale. Le rapport de février renforce notre position selon laquelle la politique monétaire devrait continuer à se normaliser. »

Février est le 11e mois de suite où l’IPC est supérieur à la cible de la Banque du Canada. La banque centrale prévoyait un taux d’inflation de 5,1 % pour le premier trimestre de 2022, une prévision qui est déjà dépassée.