(Québec) Le gouvernement du Québec doit profiter de son budget pour se préparer à une récession et n’a pas de marge de manœuvre pour diminuer les impôts des Québécois, selon l’ancien ministre des Finances et député libéral Carlos Leitão.

« Les banques centrales sont dans une position très délicate. Est-ce qu’elles haussent les taux d’intérêt ? Oui, mais comment ? À quelle vitesse ? Donc, oui, il y a des risques importants pour l’économie mondiale. Une récession, ce n’est pas inévitable, mais c’est quelque chose qui peut arriver. Il faut donc être prêt à faire face à une telle éventualité », a-t-il lancé en point de presse lundi.

M. Leitão a pris note des déclarations du premier ministre François Legault, qui a affirmé la vielle que la CAQ pourrait proposer des baisses d’impôts dans sa plateforme électorale. Mais il ne croit pas que la situation budgétaire du Québec permet une baisse permanente des impôts. « Des mesures ponctuelles d’aide, oui, ça, oui, mais des changements permanents de taxes et impôts, je ne pense pas », a-t-il expliqué.

« Ce que la pandémie nous a révélé, c’est qu’en effet les services publics, au Québec, sont extrêmement importants. Et je pense que tous les citoyens veulent, bien sûr, avoir des services publics en santé, éducation, famille, etc. Alors, ces services publics là doivent être financés », a-t-il expliqué. Mais « on ne peut pas fournir des services publics à crédit », a ajouté l’économiste.

« À court terme, et par court terme, je veux dire les prochaines quelques années, je ne vois pas d’espace pour réduire taxes et impôts », a-t-il ajouté. Il a précisé que l’équipe responsable de la rédaction de la plateforme électorale du Parti libéral du Québec ne « discute » pas de baisses d’impôts.

Irresponsable

Il serait « irresponsable et impensable […] de promettre aux Québécois de livrer des services publics de qualité à crédit en les finançant avec les déficits récurrents ». Si la CAQ « décide de le promettre en campagne électorale », elle devra dire dans quel service elle compte « couper », ou alors accepter un budget à l’encre rouge. « Ce n’est pas quand même si compliqué que ça. Ou bien, c’est un déficit ou bien on coupe des dépenses », a-t-il expliqué.

Du côté de Québec solidaire, on écarte également l’idée d’une baisse d’impôt généralisée, qui nuirait aux services publics. « Le gouvernement se prive sans cesse de revenus, alors que, dans les faits, nos concitoyens, parce qu’il n’y a pas de place en CPE, parce qu’ils n’ont pas accès à un médecin de famille, paient autrement. Et c’est là que l’injustice devient flagrante », a déploré Manon Massé.

Mais Québec solidaire ajoute que le parti de gauche ne serait pas contre un rééquilibrage des tables d’impôts. « On va vous revenir avec ça durant la campagne, mais les gens qui gagnent en bas de 80 000, là, c’est sûr qu’on est capable d’observer qu’ils paient pour les gens qui gagnent 250 000 $, 300 000 $, 400 000 $, 1 million. On est capable d’observer ça ça fait que donc il faut rééquilibrer l’ensemble pas juste baisser les impôts », a-t-elle lancé.