Après avoir souffert des effets du variant Omicron en janvier, le marché de l’emploi a récupéré de façon spectaculaire en février et le Québec a retrouvé le taux de chômage le plus bas au Canada, à 4,5 %.

Le rebond de l’emploi était attendu, mais il a surpassé toutes les prévisions. Avec 337 000 emplois de plus en février, le marché du travail canadien dans son ensemble a récupéré les emplois perdus pendant la pandémie. Le taux de chômage est en baisse de 1 % et s’établit à 5,5 %, tout près de son creux historique de 5,4 %.

L’économie québécoise affiche 82 000 emplois de plus. Les secteurs de l’hébergement et de la restauration, de la culture et des loisirs ainsi que du commerce de gros et de détail, qui avaient le plus souffert des mesures sanitaires, sont ceux qui comptent le plus d’embauches en février.

Le taux de chômage de la région de Montréal est passé sous la barre des 5 %, à 4,9 % en février.

Forte hausse du salaire moyen au Québec

Alors que le salaire horaire moyen est en hausse de 3,1 % depuis un an au Canada et que le pouvoir d’achat des consommateurs canadiens s’érode, le Québec s’en tire mieux.

Le salaire horaire moyen est en hausse de 5,9 % depuis un an au Québec, souligne l’économiste de l’Institut du Québec, Simon Savard. « Cette croissance plus élevée des salaires au Québec qu’au Canada se remarque depuis plusieurs mois déjà », précise-t-il.

Le marché du travail plus tendu au Québec pourrait expliquer cet écart, mais on ne peut pas encore en tirer cette conclusion, selon l’économiste.

La vigueur du marché de l’emploi continue d’étonner, mais elle sera difficile à maintenir au cours des prochains mois, estime pour sa part Joëlle Noreau, économiste chez Desjardins.

La création d’emplois sera plus lente au cours des prochains mois parce que la rareté de main-d’œuvre complique singulièrement le recrutement.

Joëlle Noreau, économiste chez Desjardins

Tous les indicateurs du marché du travail se sont améliorés, souligne Statistique Canada dans son rapport de février.

Le taux de chômage des jeunes et celui des femmes sont en baisse, il y a moins de chômeurs de longue durée et le nombre d’heures travaillées, qui est un bon indicateur de la santé du marché du travail, est à un niveau record.

Statistique Canada confirme par ailleurs que les jeunes ont quitté massivement le secteur de l’hébergement et de la restauration. Depuis deux ans, il y a 89 000 jeunes de moins qui travaillent dans ce secteur. Pendant la même période, les secteurs des services professionnels, des soins de santé et du commerce de détail ont embauché plus de jeunes.

L’ombre de la guerre plane

La bonne tenue du marché de l’emploi en février devrait conforter la Banque du Canada dans sa décision de remonter les taux d’intérêt. Une deuxième hausse des taux est prévue pour le 13 avril et elle sera vraisemblablement suivie par d’autres augmentations au printemps et à l’été, croit l’économiste de Desjardins Benoit Durocher.

Les économistes de la Banque Nationale commencent à s’inquiéter des répercussions que pourrait avoir la guerre en Ukraine sur l’économie canadienne. « Le rapport d’emploi de février ne serait que de bonnes nouvelles pour la situation économique nationale si les perspectives économiques mondiales n’étaient pas assombries par l’invasion russe en Ukraine », écrivent Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme dans leur analyse du marché du travail.

La hausse des prix des produits de base affectera le pouvoir d’achat des ménages, prévoient-ils, mais l’épargne accumulée pendant la pandémie pourrait amoindrir le choc.

« Les consommateurs ont accumulé une épargne excédentaire importante et un marché du travail confortablement au plein emploi pourrait signifier que la consommation sera moins affectée qu’ailleurs », estiment-ils.