Chaque samedi, un de nos journalistes répond, en compagnie d’experts, à l’une de vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc.

Bonjour, je peux comprendre qu’un pays importateur de pétrole n’ait pas le choix de subir les augmentations actuelles du marché. Mais pour un pays comme le Canada, qui est un exportateur de pétrole, pour quelle raison le consommateur canadien devrait-il payer de telles augmentations du prix du litre ? Le prix à la pompe devrait être relié aux coûts de production canadien, plus une marge raisonnable de profit. Comment se fait-il que le prix à la pompe augmente si rapidement avec les spéculations du marché ?

Réal Meunier

C’est une question que bon nombre de nos lecteurs se posent. Pour y répondre, La Presse a fait appel à Marc-Antoine Dumont, économiste chez Desjardins, et à Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques de CAA-Québec.

Le pétrole est un produit qui s’échange sur le marché international et dont le prix fluctue de la même façon partout dans le monde, rappelle l’économiste de Desjardins. « S’il y a un problème qui limite l’approvisionnement, comme c’est le cas actuellement, le prix va augmenter partout », explique Marc-Antoine Dumont.

Du puits de pétrole jusqu’à la pompe à essence, plusieurs facteurs peuvent faire fluctuer le prix. Le transport et la capacité de raffinage, par exemple, ont un effet sur le prix à la pompe. Le taux de change peut aussi jouer, dans la mesure où le pétrole s’achète et se vend en dollars américains. Le pétrole et l’essence sont des produits cotés à la Bourse, ce qui fait que la spéculation, autrement dit les attentes des investisseurs, ajoute de la volatilité aux prix. Mais c’est d’abord et avant tout l’offre et la demande de pétrole qui dictent les prix du brut et de ses produits dérivés, souligne l’économiste.

Le seul avantage d’être un pays producteur, c’est qu’il n’a pas à s’inquiéter des approvisionnements.

Marc-Antoine Dumont, économiste chez Desjardins

Quand le cours du pétrole s’envole, les entreprises qui en produisent font plus de profits, parce que leur coût de production reste le même. On ne peut pas affirmer la même chose pour les raffineurs, les distributeurs et les détaillants, qui doivent payer plus cher pour s’approvisionner. C’est une chaîne d’approvisionnement qui réagit très vite aux fluctuations de prix, dit l’économiste de Desjardins.

À moins qu’il existe un contrôle des prix ou des subventions pour l’essence, comme dans certains pays, les consommateurs d’un pays producteur de pétrole paient le prix du marché.

CAA-Québec, qui suit de près les fluctuations des prix à la pompe, remarque de grands écarts selon les régions, les villes et même les quartiers. « Ça varie beaucoup, selon les contrats qu’ont les détaillants et la concurrence », observe Nicolas Ryan.

La plupart des automobilistes ont déjà constaté que les prix à la pompe augmentent rapidement quand le prix du brut s’envole, mais qu’ils redescendent plus lentement quand son prix baisse. CAA-Québec a confirmé en novembre dernier que ça arrive. Après une chute brutale du brut, les prix à la pompe ont baissé rapidement aux États-Unis, mais pas au Québec, rappelle Nicolas Ryan. La marge des détaillants a grimpé à 15,7 cents le litre pendant plusieurs jours, alors que la moyenne annuelle est de 5,5 cents.

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