(Calgary) Des groupes dirigés par des Autochtones sont toujours déterminés à devenir propriétaires de l’oléoduc Trans Mountain, même si les dépassements de coûts pour le projet d’agrandissement du pipeline grimpent en flèche.

La société d’État qui détient le pipeline a révélé le mois dernier que les coûts de construction estimés de son expansion avaient bondi de 70 % et s’élèvent désormais à 21,4 milliards, par rapport à une estimation antérieure de 12,6 milliards.

Trans Mountain Corporation a également repoussé l’achèvement du projet au troisième trimestre de 2023, alors qu’il était originalement prévu au cours de 2022.

La société a en outre confirmé lundi qu’en raison des contrats d’expédition précédemment signés, seulement 20 % à 25 % de l’augmentation des coûts pourraient être répercutés sur les compagnies pétrolières sous la forme d’augmentation de péages.

Cela signifie qu’environ 7 milliards en dépassements de coûts devront être absorbés par Trans Mountain elle-même, ce qui finira par éroder les rendements du projet.

Mais l’escalade des coûts ne décourage pas les initiatives dirigées par des Autochtones comme Nesika Services, une organisation à but non lucratif qui s’efforce d’aider les communautés autochtones qui se trouvent le long du tracé du pipeline à acquérir une participation dans Trans Mountain.

« Cela signifie évidemment que toute la tarte pour le projet est plus petite, a souligné le directeur général de Nesika Services, Paul Poscente, lors d’une entrevue. Mais nous avons fait une modélisation basée sur les informations accessibles au public, et c’est absolument toujours viable. »

« Nous croyons toujours que le Canada peut vendre une partie de ce pipeline aux communautés autochtones sur une base commerciale, a affirmé M. Poscente. Nous exhortons le Canada à entamer une négociation. »

Project Reconciliation, une autre initiative dirigée par des Autochtones qui vise à obtenir une propriété à 100 % autochtone de Trans Mountain, a récemment envoyé une lettre au premier ministre Justin Trudeau pour signifier qu’elle était toujours « prête, disposée et capable » d’acheter le pipeline.

« Nous sommes impatients de nous asseoir et d’avoir des conversations plus formelles à ce sujet », a expliqué le directeur général du Projet Reconciliation.

Malgré tout, M. Mason a reconnu que le nouveau prix du capital de 21,4 milliards pour le projet était plus élevé que ce que son groupe avait prévu.

« Nous avions réexaminé nos attentes financières il y a environ quatre ou cinq mois, en budgétant 17 milliards », a admis M. Mason, ajoutant que le prix de vente ultime du pipeline ne serait que ce qu’un acheteur potentiel est prêt à payer, et qu’il refléterait donc le rendement sur investissement anticipé.

« Que ce soit nous qui achetions cet actif ou qu’une grande société pipelinière vienne l’acheter […] ils ne paieront qu’un prix qui sera soutenu par les péages. Il doit être soutenu par un modèle de revenus. »

L’oléoduc Trans Mountain de 1150 km transporte 300 000 barils de pétrole par jour et est le seul réseau de pipelines au pays transportant du pétrole de l’Alberta vers la côte ouest.

Son expansion, dont la construction est en cours, doublera essentiellement la capacité du pipeline existant, portant la production quotidienne à 890 000 barils pour soutenir la croissance de la production canadienne de pétrole brut et assurer l’accès aux marchés mondiaux de l’énergie.

Pas de financement public supplémentaire

Trans Mountain a été rachetée par le gouvernement fédéral pour 4,5 milliards en 2018, après que l’ancien propriétaire, Kinder Morgan Canada, a menacé d’abandonner le projet d’expansion prévu du pipeline face à l’opposition écologiste.

Le mois dernier, Trans Mountain Corporation a imputé l’augmentation des prévisions de coûts du projet à la pandémie de COVID-19 et aux effets des inondations de novembre 2021 en Colombie-Britannique, ainsi qu’à des améliorations du projet, aux changements de portée et de tracé pour éviter les zones sensibles sur le plan culturel et environnemental et aux pressions sur le calendrier liées aux processus d’autorisation de milliers de permis et aux défis de la construction en milieu marin et en terrain difficile.

La vice-première ministre Chrystia Freeland a affirmé qu’il n’y aurait pas de financement public supplémentaire pour le pipeline. Elle a expliqué que Trans Mountain devrait obtenir un financement d’une tierce partie pour couvrir la hausse de ses coûts d’investissement.

Cependant, elle a ajouté que le gouvernement fédéral croyait toujours que l’agrandissement de Trans Mountain était un « projet sérieux et nécessaire » qui était dans l’intérêt national.

Chinook Pathways, un autre groupe cherchant une participation dans le pipeline, n’a pas répondu lundi à une demande de commentaire. Chinook est un partenariat dirigé par des Autochtones formé par Western Indigenous Pipeline Group et son partenaire industriel, Pembina Pipeline.

Le gouvernement fédéral a toujours assuré qu’il n’avait pas l’intention d’être le propriétaire à long terme du projet et qu’il avait l’intention de lancer un processus de désinvestissement une fois qu’il aurait réduit le risque associé au projet d’expansion.

Ottawa a également affirmé qu’il était ouvert à la propriété autochtone du pipeline. Il a précisé que les prochaines étapes vers cet objectif seraient annoncées plus tard cette année.