(Washington) Le marché du travail américain est resté solide en février avec des créations d’emplois pléthoriques et un chômage encore en recul, grâce à l’éloignement de la pandémie, mais la guerre en Ukraine crée de nouvelles incertitudes.

Au total, 678 000 emplois ont été créés en février après 481 000 en janvier, selon les données du département du Travail publiées vendredi. C’est bien plus que les 400 000 attendus par les analystes.

En outre, le taux de chômage a reculé plus que prévu à 3,8 %, après 4 % en janvier, s’approchant de son niveau historiquement bas d’avant la pandémie (3,5 %). Il demeure néanmoins plus élevé pour les minorités (+6,6 % pour les noirs et +4,9 % pour les hispaniques).

La vague d’infections par le variant Omicron est passée, permettant l’allègement des restrictions sanitaires. Les bars et restaurants ont recommencé à tourner à plein régime et les Américains voyagent davantage.

Le rapport est une bonne nouvelle pour Joe Biden dont la cote de popularité est mise à mal depuis des mois en raison d’une inflation record.

« Voilà à quoi cela ressemble Construire une Amérique en mieux », a tweeté le président américain, en reprenant son slogan « Build Back Better ». Ce rapport « montre que mon plan […] pour remettre l’Amérique au travail fonctionne », a-t-il souligné dans un communiqué.

Croissance généralisée

En février, « la croissance de l’emploi a été généralisée, avec des gains dans les secteurs des loisirs et l’hôtellerie, les services professionnels et commerciaux, les soins de santé et la construction », a expliqué le ministère.

« Tout cela est le signe d’un marché du travail incroyablement résilient et solide », a réagi Brian Deese, conseiller économique de la Maison-Blanche sur CNBC.

Le niveau d’emploi enregistré est inférieur à celui de février 2020 avant la pandémie de COVID-19.

Mais « à ce rythme (de créations d’emplois), l’écart pourrait être comblé en trois mois », a estimé Adam DeSanctis, de Mortgage Bankers Association, la fédération des courtiers immobiliers.

En revanche, le taux de participation au marché du travail reste faible, 62,3 %, quasiment inchangé par rapport à janvier, alors que de nombreuses femmes peinent à revenir sur le marché de l’emploi et que les départs à la retraite ont été importants pendant la pandémie.

Autre bémol, les données ont été recueillies mi-février, soit avant l’invasion russe de l’Ukraine, qui a secoué les marchés financiers mondiaux et provoqué une flambée des prix de l’énergie.

Le marché du travail est ainsi soudainement confronté à de nouvelles menaces.

Pour l’heure, les économistes s’accordent à dire que les États-Unis sont moins vulnérables que l’Europe aux effets économiques du conflit, mais ils préviennent qu’une guerre prolongée aura des répercussions mondiales difficiles à prévoir.  

Le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell a lui-même souligné cette semaine que les conséquences pour l’économie américaine étaient « très incertaines ».

Hausse des salaires

Jusqu’à présent, la reprise du marché du travail a surmonté tous les obstacles. Les offres d’emploi sont proches d’un niveau record, les licenciements au plus bas et l’embauche est restée forte au cours des vagues successives de la pandémie.

De nombreuses entreprises disent avoir encore du mal à attirer des travailleurs.  

La concurrence pour attirer la main-d’œuvre a fait grimper les salaires, mais leur hausse a ralenti en février : +5,1 % pour le salaire horaire moyen sur douze mois après +5,7 % en janvier. Et quasiment inchangé en glissement mensuel.

Les salaires supérieurs à 15 dollars de l’heure dans de nombreux secteurs — un montant impensable avant la pandémie — sont une bonne nouvelle pour les employés, mais ne compensent pas l’inflation (+7,5 % en janvier). A la Fed, on s’inquiète pourtant que la hausse salariale puisse nourrir l’inflation, déjà à son plus haut niveau depuis 40 ans.

Pour contrôler la spirale des prix, Jerome Powell a annoncé mercredi qu’il proposerait une hausse des taux directeurs de 0,25 % lors de la réunion des 15 et 16 mars, un relèvement modeste étant donné l’incertitude provoquée par la guerre russo-ukrainienne.

Mais il a souligné que la Fed agirait de manière « plus agressive » si l’inflation venait à persister.

Au-delà du conflit russo-ukrainien, la hausse des taux dépendra également de la vitalité du marché du travail, de la croissance des salaires, de l’économie en général.