« Les guerres sont inflationnistes », explique Laurent Ferreira

En dévoilant une performance de début d’exercice plus robuste que prévu, le grand patron de la Banque Nationale a dit braquer un « œil attentif » sur le développement des évènements géopolitiques sur la scène internationale ainsi que sur les défis liés aux chaînes d’approvisionnement.

Le déclenchement de la guerre en Ukraine préoccupe évidemment Laurent Ferreira.

« C’est désolant », lance-t-il en entrevue téléphonique. « Nous avons des employés ukrainiens un peu partout au pays qui ont des membres de leur famille en Ukraine. Nos pensées sont avec eux. »

Au-delà des drames humains, il voit des impacts sur l’économie. « Les guerres sont inflationnistes. Ça pourrait avoir un impact sur les prix de l’énergie et des ressources naturelles. »

Le PDG de la Banque Nationale ne croit cependant pas que la guerre en Ukraine retardera la hausse anticipée des taux d’intérêt appelée à débuter le mois prochain au Canada et aux États-Unis.

PHOTO FOURNIE PAR LA BANQUE NATIONALE

Laurent Ferreira, PDG de la Banque Nationale

Ça [la guerre] pourrait retarder la hausse des taux en Europe, mais je ne crois pas que ça sera le cas en Amérique du Nord.

Laurent Ferreira, PDG de la Banque Nationale

De façon générale, les hausses de taux d’intérêt ont un impact positif sur les résultats des banques, autant sur les dépôts que sur les marges. En clair, une hausse de 100 points de base du taux directeur de la Banque du Canada, donc de 1 %, ajouterait un peu plus de 100 millions aux revenus annuels de la Banque Nationale.

Résultats en hausse

Les profits de la Banque Nationale pour les mois de novembre, décembre et janvier ont bondi de 22 % sur un an pour atteindre 932 millions, l’équivalent de 2,65 $ par action.

Ce résultat surpasse les prévisions des analystes dont le consensus s’articulait autour d’un profit par action de 2,23 $.

L’action de la Banque Nationale s’est appréciée de 2 % vendredi pour clôturer à 102,78 $ à la Bourse de Toronto. Tout comme celui des autres grandes banques canadiennes, le titre de la Nationale est en forte hausse depuis son creux de 38 $ atteint au début de la pandémie, en mars 2020.

En début de semaine, l’analyste Gabriel Dechaine, de la Financière Banque Nationale, avait souligné dans un rapport de recherche que même s’il y a beaucoup d’éléments à apprécier dans le secteur financier, les actions des six grandes banques du pays avaient progressé en moyenne de 34 % l’année dernière et que les évaluations avaient dépassé les attentes.

De ce fait, cet expert estime que les investisseurs ont avantage à diminuer leur exposition au secteur bancaire.

Seulement 4 des 12 analystes qui couvrent officiellement les activités de la Banque Nationale proposaient d’acheter le titre avant la publication des résultats vendredi.

Changement à la direction

Des changements significatifs à la haute direction de l’institution financière québécoise sont apportés. Après plus de 10 ans en poste à titre de chef des finances, Ghislain Parent occupera à compter d’avril le nouveau poste de premier vice-président à la direction du secteur international.

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Marie Chantal Gingras est nommée cheffe des finances à la Banque Nationale.

Dans cette fonction, il sera responsable de la filiale Credigy, aux États-Unis, et de la banque ABA, au Cambodge. La création de ce nouveau poste de direction n’indique pas un changement de stratégie, mais reflète plutôt la croissance et l’importance des activités de la banque sur la scène internationale.

Pour pourvoir l’important poste d’argentier à la banque, Marie Chantal Gingras est nommée cheffe des finances. Elle travaille à la Banque Nationale depuis 24 ans et agissait depuis près d’un an à titre de première vice-présidente de la comptabilité financière.