(Québec) Dans son budget du 22 mars, le dernier avant les élections générales, le gouvernement Legault entend donner un coup de pouce financier à un grand nombre de Québécois afin de faire face à la hausse du coût de la vie.

Les finances publiques affichent un surplus de deux milliards de dollars après sept mois d’exercice financier, mais Québec prévoit toujours qu’il se retrouvera dans le rouge à la fin de l’année.

Lors de sa mise à jour économique de l’automne, le grand argentier du gouvernement Legault avait annoncé la distribution de chèques de 200 $ à 275 $ pour 3,3 millions de personnes pour contrer l’impact de l’augmentation du taux d’inflation. Il veut faire davantage, toucher un plus grand nombre de personnes, dans son prochain exercice financier, celui de l’année 2022-2023, attendu le 22 mars.

« L’inflation touche tout le monde. [L’automne dernier], on a fait un ajustement qui visait 3,3 millions de personnes qui touchaient moins de 54 000 $, la clientèle [bénéficiant] du crédit d’impôt solidarité. On est en train d’analyser tout ça. C’est certain qu’on regarde si on peut avoir une mesure d’application plus générale », a-t-il indiqué mardi à l’Assemblée nationale, lors d’une mêlée de presse pour annoncer la date du dépôt de son budget.

Le premier ministre François Legault a renchéri un peu plus tard : « Je suis très conscient que l’augmentation du prix des loyers, de l’épicerie, de l’essence fait très mal actuellement. L’inflation est très élevée, dans des cas plus élevés que les augmentations de revenus des citoyens. […] On va faire quelque chose, je veux vous dire d’être patient jusqu’au 22 mars, mais on va aider votre portefeuille. »

Au Salon bleu, la cheffe libérale, Dominique Anglade, a fait valoir que son parti avait suggéré différentes mesures au cours des derniers mois pour contrer la hausse du coût de la vie, « des propositions qui sont restées sans écho de la part du premier ministre ». Elle milite pour un gel des tarifs d’hydroélectricité, alors qu’Hydro-Québec a annoncé une hausse de 2,6 % à compter du 1er avril.

François Legault balaie cette option d'un revers de main. « Plus on a une grosse maison, plus on est riche, plus on profiterait d’un gel. Nous, ce qu’on préfère, c’est envoyer un montant dans le portefeuille des Québécois qui va couvrir, entre autres, cette augmentation exceptionnelle des tarifs d’Hydro-Québec », a-t-il expliqué.

Eric Girard a écarté de son côté l’idée de geler les loyers, une proposition faite par Québec solidaire. « Généralement, lorsqu’on gèle les tarifs, il y a un saut tarifaire après et l’histoire a montré que ce n’était pas une bonne pratique », a soutenu le ministre des Finances.

L’inflation dépasse les prévisions du gouvernement. Il avait prévu un taux de 3 % pour 2022, alors qu’on se dirige vers 4 %.

« On doit réviser à la hausse l’inflation et, en général, ça aide légèrement les revenus [du gouvernement] par la croissance du PIB nominal qui est plus élevée », a expliqué le ministre Girard, précisant toutefois que la hausse des taux d’intérêt découlant d’annonces de la Banque du Canada fait grimper le service de la dette.

Pour l’année en cours, donc 2021-2022, les finances publiques sont dans le vert après sept mois, selon le plus récent rapport mensuel du ministère des Finances.

D’avril à octobre – donc avant la cinquième vague de COVID-19 –, Québec enregistre un surplus de 2 milliards. C’est tout un contraste avec l’année précédente, alors que le gouvernement était en déficit de 5,3 milliards pour la même période.

« La croissance soutenue de l’activité économique au Québec depuis le début de l’année financière a des effets positifs sur les revenus du gouvernement. Pour l’ensemble de l’exercice financier 2021-2022, la prévision de déficit annuel est toutefois maintenue à 6,8 milliards », indique le ministère des Finances.

Il explique que les dépenses augmenteront davantage au cours des derniers mois de l’année et que la croissance économique « évoluera à un rythme moins soutenu qu’en début d’année ».

D’avril à octobre, les revenus du gouvernement tirés de l’impôt des sociétés ont bondi de près de 56 % comparativement à la même période l’an dernier. Ceux en provenance des entreprises du gouvernement, en particulier Loto-Québec et Hydro-Québec, ont même explosé de 90 % – certaines sociétés d’État avaient particulièrement souffert de la pandémie en 2020-2021. On note aussi une forte augmentation des recettes liées à l’impôt sur le revenu des particuliers (18,6 %) et des taxes à la consommation (16 %). Les transferts fédéraux en santé sont en hausse de 19,3 %, notamment en raison des mesures d’aide d’Ottawa pour faire face à la pandémie.

Les dépenses des ministères augmentent de 4,1 % au 31 octobre comparativement à la même période l’année précédente, ce qui est inférieur aux prévisions pour le moment. C’est pourquoi on peut anticiper une hausse plus forte des débours dans les derniers mois.

Le service de la dette gonfle de 23 %, ce qui « s’explique principalement par la hausse des taux d’intérêt », indique le ministère des Finances.

Eric Girard signalait l’automne dernier que les finances publiques étaient dans un meilleur état que prévu. Il avait d’ailleurs modifié ses prévisions : le déficit anticipé pour l’année en cours était passé de 12,3 à 6,8 milliards, alors que le déficit structurel, celui qui restera après la crise sanitaire, avait fondu de 6,5 à 4 milliards par année. La tendance favorable semble se poursuivre, si l’on se fie aux plus récentes données du ministère des Finances. Selon Eric Girard, le variant Omicron, donc la cinquième vague, a entraîné une baisse de 0,3 % de la croissance économique du Québec, ce qui devrait se refléter dans les prochains rapports de son ministère.