(Bruxelles) Les 27 pays de l’Union européenne se sont entendus vendredi pour exclure le pétrole et le gaz des futures infrastructures de transport énergétique financées par l’UE. Mais ils ont autorisé les gazoducs existants à transporter jusqu’en 2029 un mélange d’hydrogène et de gaz, une tolérance vivement décriée par des ONG.

Les ministres européens de l’Énergie, réunis au Luxembourg, ont « décidé de cesser tout soutien accordé aux nouveaux projets relatifs au gaz naturel et au pétrole, et d’introduire des critères de durabilité obligatoires pour tous les projets » d’infrastructures énergétiques, indique le communiqué.

Le blending, au cœur d’une controverse

Néanmoins, « durant une période transitoire, jusqu’au 31  décembre 2029, les infrastructures gazières existantes qui ont été adaptées pour transporter ou stocker un mélange prédéfini d’hydrogène avec du gaz naturel ou du biométhane peuvent être utilisées », précise le texte de l’accord. Ce mélange est mieux connu sous le nom anglais de blending dans le jargon du métier.

Mais ces projets doivent « démontrer comment, à la fin de la période de transition, ils cesseront de transporter du gaz naturel et seront entièrement dédiés à l’hydrogène ».

La position des États fera désormais l’objet de négociations avec le Parlement européen dans le cadre d’une révision du règlement sur les réseaux transeuropéens d’énergie (RTE-E) de l’UE, qui vise à « décarboner et interconnecter » les infrastructures grâce aux fonds européens.

Une exception a été faite pour les chantiers en cours destinés à relier Chypre et Malte au réseau énergétique européen, afin de rompre leur isolement.

« C’est entièrement en ligne » avec l’objectif d’une neutralité carbone européenne d’ici 2050, et « à l’exception (de Chypre et Malte), il n’y aura plus aucun soutien financier de l’UE pour les énergies fossiles », a assuré Joao Pedro Matos Fernandes, ministre portugais de l’Environnement, lors d’une conférence de presse.

Une « fausse solution » décriée

Pour autant, des ONG environnementales dénonçaient vivement la tolérance sur le blending, qui incitera selon elles à financer des projets gaziers au prétexte qu’ils pourront à terme être reconvertis pour l’hydrogène.

« Maintenir les vannes du gaz fossile ouvertes à travers des investissements massifs pour faire transiter de l’hydrogène dans les gazoducs risque de faire dérailler l’Europe de sa trajectoire vers la neutralité climatique », s’alarme Neil Makaroff, de Réseau Action Climat.

Les Amis de la Terre, eux, fustigent le rôle de Paris : « La France aurait pourtant pu s’opposer à cette fausse solution et faire basculer la majorité dans le camp des 11 États membres, dont l’Allemagne, qui appelaient à exclure le gaz fossile des futures infrastructures » sans dérogation.

« Le Conseil a choisi une mise en œuvre plus graduelle. Sur le blending, il faut un point d’arrivée clair où les gazoducs serviront à transporter 100 % d’hydrogène […] et des garde-fous aussi solides que possible pendant la période de transition », a averti la Commissaire européenne à l’Énergie Kadri Simson.