(Washington) La situation du marché du travail semble s’améliorer aux États-Unis avec des créations d’emplois dans le privé soutenues et un recul des demandes hebdomadaires d’allocations chômage, mais l’emploi, dont le rapport détaillé pour le mois de mai sera publié vendredi, reste pénalisé par les difficultés des employeurs à recruter.

Première bonne nouvelle, le secteur privé a créé 978 000 emplois en mai, selon l’enquête mensuelle de la firme de services aux entreprises ADP publiée jeudi, bien plus que prévu.

Plus de la moitié de ces emplois concernent le secteur des loisirs et de l’hôtellerie, qui repart après avoir été particulièrement touché par la crise, grâce à la vaccination : plus d’un adulte américain sur deux étant à présent entièrement vacciné.

La question est de savoir si ces données sont le signe avant-coureur du rapport sur l’emploi de mai, qui sera publié vendredi et donnera le nombre total d’emplois créés par l’économie américaine ainsi que le taux de chômage.

Ces chiffres sont très attendus, après la déception du mois d’avril : un million de créations d’emplois étaient espérées, mais seules 266 000 avaient réellement vu le jour. Le taux de chômage avait même un peu grimpé, pour la première fois en un an,  à 6,1 %.

Les analystes tablent, pour mai, sur 720 000 créations d’emplois et une petite baisse du taux de chômage, à 5,9 %.

Attention toutefois à une possible mauvaise surprise, le rapport ADP ayant tendance à surestimer les chiffres totaux de l’emploi, avertit Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Déséquilibre

L’autre bonne nouvelle concerne les inscriptions hebdomadaires au chômage, repassées fin mai sous la barre des 400 000, pour la première fois depuis la mise à l’arrêt brutale de l’économie américaine en mars 2020, selon les données du département du Travail, également publiées jeudi.

Au total, 15,4 millions de personnes touchaient mi-mai une allocation chômage, selon les données les plus récentes disponibles.  

« La reprise économique se poursuit et devrait être positive pour la croissance de l’emploi. Mais les déséquilibres entre l’offre et la demande créent des frictions sur le marché du travail qui pourraient créer des difficultés à court terme », selon Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.

Car alors que la première économie du monde reprend vie, les entreprises, paradoxalement, ne parviennent pas à convaincre les travailleurs de revenir, particulièrement dans les emplois les moins bien rémunérés.

Des craintes liées à la situation sanitaire persistent et les écoles ne sont pas toutes rouvertes à temps plein, posant des problèmes de garde. Par ailleurs, les postes offerts ne correspondent pas toujours aux compétences des demandeurs d’emploi.

2,3 millions de chômeurs sans allocation

Les Républicains, eux, pointent du doigt les généreuses allocations chômage versées à cause de la COVID-19, qui, selon eux, n’incitent pas à retourner au travail. Ainsi, dans 25 des 27 États qu’ils gouvernent, ces aides supplémentaires seront réduites, voire même supprimées, à partir de juin ou juillet.

Cela signifie que 2,3 millions de personnes se retrouveront sans ressources à partir de la fin du mois de juin ou du début du mois de juillet, a calculé Nancy Vanden Houten, analyste pour Oxford Economics. Et 1,8 million d’Américains perdront les 300 dollars versés chaque semaine à tous les bénéficiaires, en plus de l’allocation chômage dont le montant varie selon les États.  

Cependant, les conséquences « ne seront probablement pas visibles dans les chiffres avant juillet », avertit Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Une enquête de la Banque centrale américaine (Fed), le Livre beige, réalisée auprès des entreprises du pays et publiée mercredi, avait fait état de très importantes difficultés à trouver des candidats pour les postes proposés.

La Fed donnait ainsi l’exemple de restaurateurs de Saint Louis (Missouri, centre) qui avaient organisé un salon de l’emploi pour recruter une centaine de personnes, mais avaient eu la mauvaise surprise de ne voir qu’une douzaine de candidats.

Et dans la région de Cleveland en Ohio, « des détaillants et restaurants ont indiqué qu’ils fonctionnaient avec des horaires réduits ou avaient des emplacements fermés parce qu’ils manquaient de personnel », soulignait encore le Livre beige.