(Ottawa) L’engagement budgétaire du gouvernement fédéral pour étudier les changements au système de l’assurance-emploi démontre que l’amélioration du filet de sécurité ne peut pas se faire du jour au lendemain, prévient la ministre de l’Emploi, Carla Qualtrough.

Le gouvernement a prévu 648 millions sur sept ans pour financer une mise à jour technologique à long terme du système de l’assurance-emploi, dont les parties les plus anciennes reposent sur un langage de programmation datant des années 1960.

Dans le même temps, le budget prévoit 5 millions sur deux ans pour un examen tant attendu de l’assurance-emploi.

Le calendrier de la réforme tant attendue est décevant pour ceux qui réclament des changements plus immédiats.

Mme Qualtrough souligne qu’il faut d’abord mettre à jour l’infrastructure technologique vieillissante avant que toute modification au programme de l’assurance-emploi puisse entrer en vigueur.

Elle dit également que l’examen se concentrera sur des questions politiques épineuses, notamment celle des travailleurs autonomes, jugée comme la plus épineuse d’entre toutes.

« Nous ne pouvons pas tout faire en même temps, lance-t-elle. Il y a toutes ces autres considérations dont nous devons tenir compte. »

Depuis plusieurs années, le gouvernement tente d’adapter le programme d’assurance-emploi aux réalités modernes, notamment la croissance rapide des petits boulots. Selon Statistique Canada, il y avait environ 1,7 million de travailleurs à la demande en 2016, un bond de 70 % par rapport à il y a 10 ans.

Emploi et Développement social Canada laissait entendre dès avril 2018 que la réforme devra tenir compte de la croissance à grande échelle du marché de l’emploi et du soutien social. Il faudra modifier les conditions d’accès aux prestations si les emplois à la demande devenaient la nouvelle norme.

Les fonctionnaires avaient alors commencé à réfléchir à la manière de réviser les programmes de soutien du revenu, notamment en instaurant un système de prestation universel ou soumis à certaines conditions pour garantir des standards de vie minimum.

La suppression de trois millions d’emplois en mars et en avril 2020 a failli submerger le système d’assurance-emploi à un tel point que le gouvernement a dû le placer sur pause et créé la Prestation canadienne d’intervention d’urgence pour venir en aide aux chômeurs pendant la pandémie.

La situation a mis en évidence certains des problèmes connus depuis longtemps du programme de l’assurance-emploi, notamment le fait que certaines catégories de travailleurs ne peuvent y avoir accès.

« Il y a beaucoup de matière à étudier. Nous devons construire sur cela. Il faut vraiment trouver un équilibre entre le besoin de s’engager et le besoin d’agir », proclame Mme Qualtrough.

Elle indique que les consultations se concentreront sur les désaccords entre les employeurs et les groupes de travailleurs, comme la façon de calculer les primes et les prestations pour les travailleurs à la demande. Le gouvernement s’interroge aussi sur comment déterminer le moment où une personne a besoin d’aide, étant donné la nature des emplois à la demande.

La ministre souligne qu’il n’est pas simple de vouloir fournir une aide plus large à un plus grand nombre de travailleurs tout en s’assurant que l’aide se rend là où elle est nécessaire.

« Décortiquer le spectre des types d’emploi et trouver un cadre pour tous, peu importe le travail, peu importe les horaires, sont des défis très difficiles à relever, déclare-t-elle. C’est un vrai casse-tête ! »