(Londres) Satisfaits de la stabilité des cours, les pays producteurs de l’OPEP+ ont convenu mardi de maintenir leur stratégie de retour progressif de l’offre de pétrole brut sur le marché à l’issue d’un sommet ministériel avancé d’une journée.

Comme prévu début avril, les 23 membres de l’alliance vont donc augmenter un peu chaque mois leur production d’or noir à compter de mai, a expliqué l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dans un communiqué publié sur son site.

« Nous avons examiné la situation sur le marché et une nouvelle fois confirmé les décisions qui avaient été prises il y a un mois », a déclaré de son côté le vice-premier ministre russe Alexandre Novak chargé de l’Énergie, interrogé par la chaîne de télévision Rossia 24.

« Les prix sur le marché sont actuellement plus ou moins stables […], nous espérons que cette tendance se poursuivra jusqu’à la fin de l’année », a ajouté le chef de file des dix alliés du cartel.

Embellie

Lors du précédent sommet, le cartel élargi avait décidé d’augmenter son niveau actuel de production de 350 000 barils par jour en mai, puis d’autant en juin et enfin de quelque 450 000 barils supplémentaires par jour en juillet.  

Les membres de l’OPEP+ laissent quotidiennement sous terre quelque sept millions de barils et ajustent ce volume mois après mois. Le but est de ne pas inonder le marché avec un or noir qu’il ne peut absorber en raison des dégâts économiques causés par la pandémie de COVID-19.

Cette décision était attendue par le marché : les deux cours de référence du brut, le Brent et le WTI, poursuivaient d’ailleurs tranquillement leur hausse amorcée en début de journée, de l’ordre de 1 %.

Les perspectives pour la demande de brut « se sont considérablement améliorées en Europe et ont fourni l’occasion (au club de producteurs) de s’en tenir au plan initial », a réagi Edward Moya, analyste de Oanda.

La surprise est en revanche venue du calendrier choisi par l’alliance. Les deux réunions prévues initialement mercredi – le Comité de suivi de l’accord en vigueur de réduction de la production du groupe (JMMC) et le sommet ministériel – ont été rassemblées en une seule mardi, tenue par visioconférence, de manière impromptue.

Inquiétudes sur l’Inde

En amont de ces négociations mardi, le secrétaire général de l’OPEP, Mohammed Barkindo, avait salué « la trajectoire positive de l’économie mondiale », de nature à soutenir « la demande de pétrole au second semestre ».

Et de citer « les mesures de relance, les progrès en matière de vaccination et la saison estivale » à venir, selon une déclaration postée sur le compte Twitter du cartel.

Petit bémol toutefois, les ministres ont relevé « une hausse des cas de COVID-19 dans un certain nombre de pays, malgré les campagnes de vaccination », une « résurgence qui pourrait entraver la reprise de l’économie », précise le communiqué.

L’Inde n’est pas nommée, mais c’est bien vers elle que les regards se tournent en ce moment.

Le variant « indien » a en quelques jours plongé le pays dans le chaos : il a enregistré lundi un record mondial de plus de 352 000 personnes contaminées en une seule journée, pour 2812 décès.

« L’impact sur la demande de pétrole est toutefois limité, du moins pour l’instant, car le gouvernement n’a pas imposé de confinement national, mais plutôt des restrictions régionales », ont souligné les analystes d’ING.

À un pic en 2019 avant un reflux en 2020 sous l’effet de la pandémie, l’Inde consommait plus de 5 millions de barils par jour, ce qui la plaçait au troisième rang derrière les États-Unis et la Chine, d’après les chiffres du géant pétrolier BP.

L’OPEP+ a par ailleurs annoncé que le prochain sommet de l’alliance se tiendrait le 1er juin, l’occasion « d’examiner les niveaux de production pour juillet, août et jusqu’à la fin de l’année », a indiqué M. Novak.