Les associations patronales appellent le premier ministre Justin Trudeau à intervenir personnellement dans le conflit opposant les débardeurs du Port de Montréal et leurs employeurs. Ils estiment qu’en temps de relance économique post-pandémie, il est incohérent de laisser le port fonctionner au ralenti.

« On se retrouve aujourd’hui avec un dérapage. Le dérapage c’est l’avis de grève partielle qui va démarrer ce soir, a déclaré Michel Leblanc, PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) en conférence de presse mardi matin. C’est une décision qui est irresponsable et inacceptable. Un port ne peut pas fonctionner à temps partiel. »

« Ce n’est pas par gaieté de cœur que nous nous retrouvons pour implorer le gouvernement fédéral et le premier ministre de s’impliquer dans le dossier du Port de Montréal, a dit Karl Blackburn, PDG du Conseil du patronat du Québec (CPQ). Le premier ministre et la ministre du Travail ont plusieurs moyens à leur disposition pour assurer un règlement de la situation, notamment dans le Code du travail canadien et même par une loi spéciale si nécessaire. »

Avant que le gouvernement n’ait à imposer une loi spéciale, les représentants patronaux invoquent l’utilisation de l’article 107 du Code du travail. Cet article permettrait selon eux l’imposition d’une entente de travail suite à des rencontres de négociations avec des médiateurs du gouvernement. Il permettrait aussi d’imposer un retour à une activité normale pendant la négociation.

Les représentants des associations patronales ont souligné l’importance du port comme actif stratégique dans l’économie du Québec et du Canada. Ils ont rappelé qu’une perturbation des activités du port entraîne des conséquences pour des milliers d’employeurs et pourrait nuire à la relance économique.

La conférence de presse de mardi matin réunissait la CCMM, le CPQ, Manufacturiers et exportateurs du Québec, l’Association du camionnage du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

« Nous venons à peine de nous relever de la dernière grève [des débardeurs à l’été 2020] qui a causé des pertes qui ne seront jamais récupérées », commente Marc Cadieux, PDG de l’ACQ.

M. Cadieux rappelle que son industrie est en sérieuse pénurie de main-d’œuvre et qu’il sera donc difficile d’augmenter ses effectifs pour permettre le rattrapage dans le transport des conteneurs une fois les perturbations terminées.

Samedi matin, le syndicat des débardeurs du Port de Montréal a déclenché une « grève partielle » qui consistera en un refus de travailler les fins de semaine et un refus de faire des heures supplémentaires. Elle commence mercredi matin.

En conférence de presse lundi, le syndicat des débardeurs s’est dit sûr que le gouvernement de Justin Trudeau n’aurait pas recours à une loi spéciale pour forcer un retour au travail des débardeurs.

Les associations patronales espèrent pour leur part que la situation exceptionnelle de la relance économique post-pandémique incitera le gouvernement Trudeau à prendre des mesures fortes pour s’assurer que le conflit de travail au port ne vienne pas la menacer.

« D’un côté, il y a le gouvernement fédéral qui investit des milliards de dollars pour assurer la relance et la reprise des activités. Et de l’autre côté, on a un gouvernement fédéral qui tolère une grève partielle et un ralentissement des activités au Port de Montréal. Il y a vraiment une incohérence pour nous », a dit Véronique Proulx, PDG de MEQ.

La position de la ministre fédérale du Travail, Filomena Tassi, est toujours « qu’un accord négocié demeure la meilleure option pour toutes les parties », peut-on lire dans un courriel envoyé lundi.

Par contre, Mme Tassi a ouvert lundi pour la première fois la porte à l’utilisation d’autres mesures, affirmant examiner « activement toutes les options à mesure que la situation évolue ».