(Montréal) Les entreprises touristiques de Banff et de Lake Louise ont l’habitude de compter sur les mois critiques de l’été pour rester à flot tout au long de l’année, puisqu’elles gagnent environ de 50 % à 60 % de leurs revenus annuels entre juin et septembre, selon l’association touristique locale.

Mais cette année, avec les restrictions continues sur les voyages et une fraction seulement des Canadiens qui ont été vaccinés contre la COVID-19, les entreprises touristiques de la région espèrent simplement de garder la tête hors de l’eau : seulement 50 % des entreprises locales s’attendaient à ce que leur chiffre d’affaires soit égal ou meilleur cet été par rapport à l’été dernier, a indiqué Leslie Bruce, présidente et cheffe de la direction de Banff & Lake Louise Tourism.

« Le mantra en ce moment est : « Sauvez l’été », a relaté Mme Bruce. Cet été, ça va passer ou ça va casser pour les gens. »

Les touristes au Québec viendront surtout du Canada

L’Office du tourisme de Québec admet pour sa part s’attendre à un été semblable à celui de l’an dernier au chapitre des affaires, avec des visiteurs venant principalement du Canada, a indiqué Marie-Pier Richard, porte-parole de l’organisation.

Les projections prudentes des entreprises touristiques pour l’été contrastent avec les attentes de certains observateurs qui prédisent un rebond de l’activité économique plus tard cette année.

Avec l’élargissement de la vaccination en ce moment partout au pays, les compagnies aériennes canadiennes ont partiellement rétabli les horaires de leurs vols intérieurs et misent sur une certaine reprise au printemps et en été.

En mars, WestJet et Air Canada ont annoncé leur intention de rétablir les vols vers des destinations dans les Maritimes et dans l’ouest du pays, après avoir éliminé les vols lors de diverses réductions de service tout au long de l’automne et de l’hiver.

Le transporteur à bas prix Swoop a également annoncé qu’il ajoutait des vols au départ de Kelowna et d’Abbotsford, en Colombie-Britannique, à destination d’Edmonton, de Toronto, d’Hamilton et de Winnipeg. Flair Airlines a élargi sa flotte pour tirer profit d’une demande qu’elle prévoit forte.

« L’expansion de notre horaire d’été vise à répondre à de fortes ventes anticipées et à parer à la demande des voyageurs les plus soucieux des prix au Canada, alors qu’ils envisagent une cadence accélérée des déploiements de vaccins à travers le pays », a expliqué le président de Swoop, Charles Duncan, dans un communiqué.

Éventuel assouplissement des restrictions

Malgré tout, la menace d’une nouvelle vague d’infections à la COVID-19, attribuable à des variants plus contagieux de la maladie, a déjà entraîné un resserrement des restrictions dans des endroits comme Québec, qui est de nouveau en confinement après un bref assouplissement des autorités dans la région. Cela pourrait freiner le tourisme, alors même que de plus en plus de Canadiens sont vaccinés.

L’industrie touristique du pays a désespérément besoin de cette activité supplémentaire. Statistique Canada a indiqué la semaine dernière que le produit intérieur brut du secteur touristique canadien avait diminué de près de moitié en 2020, comparativement à une baisse de 5,4 % dans l’ensemble de l’économie canadienne en 2020.

Les emplois du secteur du tourisme ont chuté de 28,7 % en 2020, la majeure partie de la baisse ayant eu lieu au deuxième trimestre, a indiqué l’agence.

Destination Canada, une société d’État dont le mandat est de promouvoir le tourisme au pays, a indiqué que la situation de l’industrie touristique canadienne était pire que les effets combinés des attentats du 11 septembre 2001, de l’épidémie du SRAS de 2003 et de la crise financière mondiale de 2008. L’organisation a demandé aux Canadiens d’aider à contrebalancer le coup dur pour l’industrie en voyageant autant que possible au pays une fois qu’il sera sécuritaire de le faire.

Les restrictions continues sur les voyages internationaux, y compris les tests obligatoires et les exigences de quarantaines pour les nouveaux arrivants, pourraient inciter les voyageurs à rechercher des lieux de vacances au pays. Cependant, les compagnies aériennes s’attendent à ce que le gouvernement fédéral assouplisse certaines des restrictions sur les voyages internationaux avant la reprise des vols vers de nombreuses destinations en mai.

James Jackson, président et chef de la direction de Tourism Jasper, a souligné que le parc national dans les Rocheuses canadiennes s’attendait à une forte demande de la part des voyageurs nationaux, mais pas suffisamment pour contrebalancer la perte de voyageurs internationaux, qui dépensent en moyenne davantage lorsqu’ils visitent.

Même si certaines entreprises, comme les hôtels, doivent limiter leur taux d’occupation en raison de la COVID-19, M. Jackson a indiqué qu’il s’attendait à ce que les entreprises touristiques enregistrent de légères augmentations de leurs revenus par rapport à 2020. Tourisme Jasper « fait activement du marketing » dans d’autres régions du Canada pour convaincre d’éventuels visiteurs, un effort qui a été facilité par l’ajout de plus de vols dans la région ces dernières semaines, a-t-il précisé.

« Nous avons un marché captif au Canada », a affirmé M. Jackson, « et pour les destinations de loisirs éloignées, même si c’est contre-intuitif, c’est de bon augure ».