Québec vient « à peine » de se pencher sur le dossier des promoteurs qui souhaitent ramener le Baseball majeur à Montréal, selon le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, qui souhaite aborder la question sous l’angle du retour d’une équipe professionnelle plutôt que du financement d’un nouveau stade.

Interrogé dans le cadre d’une annonce économique à Montréal, lundi, celui-ci a reconnu le caractère délicat de l’exercice « complexe » à mener pour évaluer d’éventuelles retombées économiques. Il a dit qu’il était pour l’instant « prématuré » de conclure que le gouvernement Legault participerait financièrement à l’aventure.

En faisant référence à l’amphithéâtre situé dans la Capitale-Nationale — qui attend toujours la venue d’une équipe de la Ligue nationale de hockey depuis son ouverture en 2015 — et au Stade olympique, M. Fitzgibbon a dit préférer évoquer le projet du retour d’une « équipe de baseball » professionnelle que de la construction d’un « stade ».

« Parce que des stades, on en a un vide à Québec, un pas trop rempli à Montréal. […] Un troisième stade, on n’en a pas besoin dans le bilan au gouvernement du Québec, a dit le ministre. Quand on regarde l’œuvre du baseball, moi je n’ai pas conclu encore. »

La question entourant une éventuelle contribution financière de Québec s’est retrouvée au cœur des discussions puisque le Groupe Baseball Montréal — mené par l’homme d’affaires Stephen Bronfman — a récemment modifié son inscription Registre des lobbyistes du Québec. Il faisait, pour la première fois, mention d’une injection de fonds publics en vue de la construction d’un stade doté d’un complexe communautaire dans le quartier montréalais de Griffintown.

La semaine dernière, le premier ministre François Legault avait ouvert la porte à une forme de participation financière de l’État québécois si les revenus fiscaux engendrés par la venue de cette entreprise sont plus importants que le montant versé. La formule du prêt-subvention, où la somme n’a généralement pas à être remboursée en totalité si certains critères sont respectés après une certaine période, avait été notamment évoquée par M. Legault.

Selon des calculs effectués par La Presse, les revenus tirés des impôts payés par les joueurs d’une équipe en garde partagée entre Montréal et Tampa Bay — le scénario privilégié par les promoteurs — seraient d’environ 4,25 millions pour l’État québécois.

« Il y a d’autres éléments qu’il faut considérer, a dit sur cette question M. Fitzgibbon, sans aller plus loin. Je pense qu’il faut regarder ce projet comme tout projet. Est-ce qu’il y a des retombées économiques ? Et si oui, à quelle hauteur le gouvernement pourrait contribuer. Moi, j’ai convoqué une réunion pour comprendre c’était quoi. Le groupe va faire des représentations à la Ville de Montréal, au gouvernement. On commence l’exercice. »

Alors que cette évaluation du gouvernement Legault semble commencer, plusieurs recherches économiques publiées aux États-Unis ont conclu que le financement public d’infrastructures sportives destinées à des équipes professionnelles n’avait pratiquement pas de retombées économiques positives.

Selon un coup de sonde mené par l’école de management de l’Université de Chicago auprès de spécialistes du milieu universitaire, environ 83 % des répondants estimaient que l’aide publique offerte aux équipes sportives professionnelles coûtait généralement davantage aux contribuables par rapport aux retombées économiques générées. Seulement 4 % des experts sondés pensaient le contraire.

Par ailleurs, M. Fitzgibbon s’est montré ouvert à étudier n’importe quel projet de stade, même s’il devait, par exemple, se réaliser ailleurs qu’à l’emplacement envisagé par le groupe de M. Bronfman.

Le Groupe Baseball Montréal comprend également Alain Bouchard (Alimentation Couche-Tard), Stéphan Crétier (Garda World), Éric Boyko (Stingray) et Mitch Garber (Investir au Canada).