Les agences Moody’s et DBRS Morningstar estiment que le plan budgétaire aura un impact limité sur le taux d’endettement du Québec

La perspective de gros déficits budgétaires à Québec qui seront ensuite en décroissance rapide aura un impact limité sur le taux d’endettement de la province, estiment les agences de notation financière Moody’s et DBRS Morningstar dans leurs rapports d’après-budget diffusés vendredi à leurs clients-investisseurs en titres de dette publique.

Selon DBRS, « le Québec est entré dans ce ralentissement [de pandémie] à partir d’une position de force, financière et économique. Par conséquent, les déficits projetés devraient être gérables et le niveau de dette sur le PIB demeurera en deçà des sommets antérieurs ».

DBRS prévoit que le ratio de dette par rapport au PIB atteindra 53,5 % en 2020-2021, sur une base ajustée. Au cours des années suivantes, ce ratio dette/PIB ajusté devrait diminuer graduellement, se rapprochant de 51 % d’ici 2025-2026.

« Cela reste bien en deçà du sommet de 58,4 % atteint en 2014-2015. C’est aussi moins que ce que nous avions anticipé lors de notre dernier examen des finances du Québec, en juillet 2020 », indiquent les analystes de DBRS.

Les perspectives d’endettement du Québec se sont détériorées par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. Néanmoins, le ratio de la dette au PIB devrait reprendre sa tendance à la baisse assez rapidement alors que les dépenses liées à la pandémie s’atténuent et que l’économie se redresse progressivement.

Extrait du rapport de DBRS Morningstar

Chez Moody’s, selon les calculs de ses analystes, on estime que les prévisions budgétaires du Québec devraient faire baisser le déficit du niveau de 10 % des revenus en 2020-2021 à un niveau d’environ 1,5 % des revenus en 2023-2024.

« Même si le Québec prévoit une série de déficits avant de revenir à l’équilibre budgétaire vers le milieu de la décennie, l’impact sur le fardeau de la dette sera limité, car ces déficits diminueront rapidement, indique Michael Yake, vice-président principal de Moody’s. On s’attend à ce que le Québec annule simplement d’ici 2025 les gains qu’il avait réalisés sur le fardeau de sa dette au cours des dernières années. »

Si le plan budgétaire se concrétise, Moody’s s’attend à ce que le fardeau de la dette atteigne près de 200 % des revenus du gouvernement provincial. « Bien qu’il s’agisse d’une forte augmentation par rapport au niveau de 168 % des revenus enregistré en 2019-2020, juste avant la pandémie, ça ramène simplement la province de Québec à son fardeau de la dette enregistré en 2010-2011 », selon Moody’s.

Dans son rapport d’après-budget, Moody’s signale aussi que la province a pu enregistrer des revenus croissants pendant la pandémie « en bonne partie grâce aux transferts importants du gouvernement fédéral ».

« Même si ces transferts fédéraux chuteront en 2021-2022, le raffermissement de l’économie soutiendra des recettes fiscales plus importantes, anticipe toutefois Moody’s. Le gouvernement du Québec estime que le PIB réel de l’économie provinciale a diminué de 5,2 % en 2020, mais qu’il augmentera de 4,2 % en 2021 et de 4,0 % en 2022. Ce sont des niveaux de croissance qui correspondent à nos prévisions. »