Combler les retards scolaires accumulés par les élèves, garder et attirer du personnel dans les écoles, encourager les étudiants des cégeps et des universités à persévérer malgré l’isolement : en éducation, le budget Girard vise principalement à atténuer les effets de la pandémie.

Prenant acte du fait que « la réussite éducative et la persévérance scolaire de beaucoup d’élèves » sont menacées en raison de la crise, Québec investira au cours des deux prochaines années 170 millions de dollars pour du tutorat, de l’aide aux devoirs et du soutien psychosocial auprès des jeunes. De cette somme, 110 millions seront injectés dès cette année.

Tutorat et aide aux devoirs

Combien ? 170 millions sur deux ans

Un tel programme national de tutorat, dont les contours se dessinent déjà dans les écoles, sera une première au pays, dit Québec. Le sommet sur la réussite éducative qui est prévu la semaine prochaine et qui doit réunir différents acteurs du milieu scolaire devrait permettre de préciser les sommes inscrites au budget.

Reconnaissant qu’il y a pénurie de personnel dans les écoles et que les enseignants jouent un « rôle central » dans la réussite des élèves, Québec entend débourser d’ici cinq ans 70 millions pour valoriser la profession enseignante, augmenter les inscriptions dans les programmes universitaires d’enseignement et soutenir ces étudiants, y compris durant les premières années de leur carrière.

Des classes spécialisées, des services de garde améliorés

Tout comme l’an dernier, Québec annonce la création de 150 nouvelles classes spécialisées pour les élèves à besoins particuliers.

Amélioration des services de garde

Combien ? 89 millions, dont 13 millions cette année

Parce qu’ils lui apparaissent comme « une voie de conciliation famille-travail incontournable pour les parents », le gouvernement prévoit en outre investir 89 millions sur cinq ans pour améliorer les services de garde en milieu scolaire. Cet argent doit notamment servir à embaucher du personnel et à réduire le ratio éducatrices-enfants pour les groupes de maternelle 4 ans.

À la vue du budget, Québec solidaire s’est demandé si les sommes investies pour soutenir les élèves touchés par la pandémie seraient suffisantes. « Pour moi, c’est encore une grande question. Nous ne savons pas combien de jeunes ont besoin d’aide », a affirmé Manon Massé, cheffe parlementaire du parti.

La Fédération autonome de l’enseignement estime pour sa part que ce budget marque un retour à l’austérité en éducation. Les problèmes en éducation vont au-delà de l’aide aux devoirs, explique son président, Sylvain Mallette. « Il faut d’abord se demander si les élèves ont eu accès aux services dont ils ont besoin, comme des services professionnels », dit le dirigeant syndical.

Cégeps et universités : 100 $ par session à temps plein

Les étudiants des cégeps et des universités qui ont poursuivi leurs études à temps plein pendant les sessions d’automne 2020 et d’hiver 2021 auront droit à une aide ponctuelle de 100 $ par session, une mesure estimée à 82,6 millions.

Pour alléger leur endettement, les intérêts sur les prêts étudiants seront quant à eux pris en charge par le gouvernement pendant un an, soit du 1er avril 2021 au 31 mars 2022. Québec estime que 380 000 personnes seront touchées par cette mesure, qui lui coûtera 72 millions.

« Les personnes visées par cette mesure ne verront pas automatiquement leurs mensualités diminuer, mais elles rembourseront plus rapidement leur prêt », note-t-on dans le budget.

En un an, les cours à distance sont devenus la norme et ils risquent de continuer à occuper une place importante à l’avenir. Pour « consolider les nouvelles pratiques et les bonifier », Québec investira au cours des cinq prochaines années 85 millions de dollars pour déployer « plus de solutions numériques » dans les cégeps et les universités.

Le gouvernement prend acte de la santé mentale fragile des étudiants et des professeurs, souvent restés à la maison pendant un an, sans contacts avec leurs condisciples ou leurs collègues autrement que par le truchement d’un écran. Le budget prévoit donc des investissements de 60 millions pour répondre aux besoins de la communauté étudiante et du personnel, particulièrement en matière de santé mentale.

Les dépenses en éducation atteignent 18,1 milliards en 2021-2022, avec une croissance de 4,6 %. Les dépenses en enseignement supérieur atteignent pour leur part 9,3 milliards en 2021-2022, avec une croissance de 8,2 %.