Québec a présenté dimanche un plan d’action de 120 millions de dollars destiné au secteur de la construction, venant soutenir l’accélération des projets d’infrastructures prioritaires à travers la province.

Le plan, présenté dimanche matin par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, et le ministre du Travail, Jean Boulet, prévoit des dépenses de 95,3 millions de dollars sur trois ans, précise-t-on. Les différentes mesures autofinancées par les ministères sont évaluées à 25 millions de dollars.

La ministre Sonia LeBel affirme vouloir soutenir l’industrie de la construction, maintenant que la Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure a été adoptée. « Dans un contexte où les besoins de la population québécoise sont toujours grandissants en matière d’infrastructures, ce plan d’action est la suite logique de tous nos efforts investis jusqu’à maintenant pour doter le Québec, notamment, d’hôpitaux modernes, de nouvelles écoles, de maisons des aînés de qualité, de routes sécuritaires et d’un réseau de transport collectif à la hauteur de nos ambitions. »

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La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel

« Nous sommes très satisfaits des annonces qui ont été faites aujourd’hui. Ce sont de bonnes nouvelles notamment pour les petites entreprises, qui représentent 85 % des entreprises québécoises, parce que le gouvernement va leur permettre de pouvoir soumissionner sur les contrats publics », indique Guillaume Houle, responsable des affaires publiques à l’Association de la construction du Québec. Il souligne qu’il est difficile pour les petites entreprises de soumissionner à ces contrats, puisqu’il faut des sommes colossales pour le faire.

Un flagrant manque de main-d’œuvre

L’industrie de la construction doit composer avec la rareté de la main-d’œuvre depuis quelques années et devra intégrer plusieurs milliers de travailleuses et travailleurs supplémentaires pour les différents projets prévus. Le gouvernement compte réaliser 180 projets d’infrastructures du projet de loi 66, adopté en décembre dernier. Il vise aussi l’arrivée de 11 000 nouveaux travailleurs par année, en plus de faciliter l’intégration et la rétention de la main-d’œuvre.

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Le ministre du Travail, Jean Boulet

Le gouvernement souhaite également faciliter l’application de subventions salariales pour l’embauche de femmes, de personnes immigrantes, de membres des Premières Nations et de la nation inuite ainsi que de personnes handicapées.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, admet au passage que des femmes quittent l’industrie, citant des exemples d’intimidation et de harcèlement. « J’ai mandaté la CCQ pour réduire les abandons », assure-t-il. Un plan de rétention est attendu d’ici le 1er août prochain. Il visera à déterminer les raisons qui poussent les gens à abandonner, dans le but d’instaurer un milieu de travail « attractif et inclusif », estime le ministre.

« Cela fait de nombreuses années que notre organisation répète que la rétention est un des principaux enjeux dans la construction. Tant que ce ne sera pas réglé, les investissements pour attirer des travailleuses et des travailleurs seront inefficaces », soutient Michel Trépanier, président du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International).

Vers un virage technologique

Finalement, un financement de près de 61,5 millions de dollars sur trois ans visera à moderniser les infrastructures technologiques des donneurs d’ouvrage en construction et à soutenir le virage numérique des entreprises.

« Plusieurs entreprises seront épaulées dans un virage technologique qui est plus que nécessaire pour notre industrie, notamment parce que c’est difficile pour les petites entreprises d’investir des sommes dans de nouveaux équipements. On pense par exemple à certains programmes informatiques de gestion ou de technologie robotisée qui pourraient être à leur disposition sous forme de prêt », indique M. Houle.

Un bon début

« C’est une annonce intéressante, mais je pense qu’il faut aller beaucoup plus loin que ça. Il y a d’autres problèmes qui demanderaient de l’attention et pour lesquels il n’y a pas de réponses », affirme Raymond Paré, partenaire et propriétaire chez Sotramont, constructeur résidentiel.

Il soutient qu’à l’heure actuelle, la hausse des prix des matières premières, comme le bois, l’acier et l’aluminium, est préoccupante. « Les produits sont rendus à doubler ou à tripler. Il faudrait s’attaquer à cette problématique des ressources », affirme M. Paré.

De son côté, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a salué le dévoilement du plan d’action, en rappelant que la pénurie de main-d’œuvre demeure un enjeu à suivre.

« Les acteurs de l’industrie qui travaillent avec rigueur, depuis près de trois ans, à trouver des solutions concrètes à la pénurie de travailleurs attendaient avec impatience l’annonce de l’adoption des modifications réglementaires visant à s’attaquer à cette problématique », soutient François Bernier, vice-président principal, affaires publiques, à l’APCHQ.

Il ajoute toutefois qu’il y a du travail à faire pour endiguer le problème à long terme, tant sur le plan de l’attraction que de la rétention de la main-d’œuvre. L’APCHQ suivra donc avec attention les prochaines annonces. « Il est certain que nous allons continuer de travailler pour trouver des solutions concrètes et viables avec le gouvernement et nos différents partenaires afin d’avancer davantage dans ce dossier », conclut François Bernier.