Les temps sont durs pour les bikinis. L’interdiction de voyager et la fermeture des piscines pendant plusieurs semaines ont laissé les détaillants de maillots avec des stocks beaucoup plus importants que d’habitude.

« C’est certain que c’est un défi, convient François Roberge, propriétaire des magasins La Vie en rose. Le maillot de bain représentait chez nous 45 % de notre chiffre d’affaires pour les mois de janvier, février, mars. En ce moment, il ne représente même pas 8 %. »

Une situation qui se reflète dans les conclusions de l’étude réalisée par le Groupe Altus pour le compte du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), qui l’a rendue publique mercredi. Alors que les ventes de matériaux de construction, de jardinage et d’articles de sports ont connu des hausses en 2020 en raison de l’engouement marqué des consommateurs pour les rénovations et le plein air, les secteurs de l’automobile, des stations-service, des vêtements et des bijoux ont pour leur part grandement souffert depuis le début de la pandémie. À elles seules, les ventes de vêtements ont chuté de 16 %.

Et la situation n’est pas plus reluisante depuis le début de l’année 2021.

« Ça a énormément baissé », ajoute M. Roberge. Même constat chez Bikini Village, enseigne qui appartient également à François Roberge. En boutique, la fréquentation a diminué de 70 %, constate Roméo Di Liello-Roberge, directeur général de Bikini Village. « C’est énorme. »

[À La Vie en rose], on a pris des décisions stratégiques pour bien gérer nos [stocks] de maillots. On n’aura pas le choix d’être agressifs pour faire baisser [nos stocks].

François Roberge, propriétaire des magasins La Vie en rose

Pour l’achat de maillots, l’entreprise s’est également résignée à « sauter une saison ». « L’automne est rendu au printemps. Et la collection de printemps livrée normalement en février, à temps pour les croisières et les voyages dans le Sud à la semaine de relâche, arrivera dans les boutiques en mai. Elle va servir pour la saison estivale. »

« On ne pensait pas qu’il y aurait un [autre] confinement, mais aussi que les voyages auraient été interdits en ce moment, au printemps 2021. C’est pour ça qu’on est un peu [déséquilibrés], mais on pense qu’on va se rétablir. »

La preuve, La Vie en rose, qui compte 200 magasins au Canada, dont 62 au Québec, ouvrira d’autres sites au pays, dont un à Moncton, au Nouveau-Brunswick, en mai. De son côté, Bikini Village poursuivra son expansion dans l’Ouest canadien. On souhaite y ouvrir cinq magasins.

Bilan de l’année

Par ailleurs, le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), de son côté, commence lui aussi « à avoir un peu d’espoir pour une relance économique positive », explique Karina Serei, directrice des opérations et des communications.

Mais si l’année 2020 a été bénéfique pour le jardinage, elle aura été plus difficile pour les maillots de bain et les souliers à talons hauts, tient-on toutefois à rappeler.

On est très heureux pour certains secteurs qui ont, malgré la crise, su se démarquer. On pense à la rénovation, les loisirs, la cuisine. Sauf qu’il ne faut surtout pas oublier les secteurs qui ont été très touchés par la COVID-19 et les deux fermetures qui ont eu lieu pendant l’année. Si on se dirigeait vers une troisième vague, ça pourrait être très difficile pour ces secteurs-là.

Karina Serei, directrice des opérations et des communications au CQCD

Ainsi, selon le rapport, les matériaux de construction et le jardinage ont connu une hausse de 17 % de leurs ventes, tout comme les articles de sport et loisirs, de musique et les livres (14,5 %), ainsi que le secteur de l’alimentation (10 %).

Or, l’industrie de l’automobile a enregistré une baisse de 10 %. Le monde des chaussures, des accessoires vestimentaires et des bijoux a aussi souffert avec une diminution de 24 %. Les ventes de vêtements ont chuté de 16 %.

Quelques chiffres

• Baisse des ventes au détail au Québec en 2020 : - 0,2 %
• Baisse des ventes en Ontario : - 3,5 %
• Baisse des ventes au Canada : - 1,3 %

Source : CQCD