Le Canada, qui s’est beaucoup endetté pour lutter contre la pandémie, doit maintenant se doter de cibles précises de retour à l’équilibre budgétaire, affirme l’Organisation de coopération et de développement économique dans un état des lieux publié aujourd’hui.

« Un plan clair et transparent est nécessaire pour prévenir un emballement de la dette publique », estime l’OCDE dans son examen de l’économie canadienne, le premier depuis 2018.

L’organisation qui regroupe les pays les plus industrialisés constate que le Canada a relativement bien traversé la crise du coronavirus, si on le compare à l’ensemble de ses membres pour le nombre de décès par habitant.

Le gouvernement fédéral a agi pour soutenir l’économie à un coût substantiel, ce qui a propulsé son déficit à des niveaux record. L’aide totale déployée par le Canada, qui équivaut à 12 % du PIB, est une des plus élevées parmi les pays membres, souligne l’OCDE.

Le Japon, l’Australie et l’Allemagne sont les seuls pays qui ont fait plus d’effort que le Canada pour lutter contre l’impact économique de la pandémie.

Cette lutte n’est pas encore gagnée, et la crise a laissé des cicatrices, observe l’étude. Les inégalités sociales ont augmenté et l’augmentation rapide du prix des maisons est inquiétante.

Tant que l’économie canadienne reste fragile, l’appui de l’État est nécessaire, mais il doit être réduit à mesure que la situation s’améliore, recommande l’organisation.

« Il est important de s’assurer que les importants déficits et l’accumulation des dettes publiques ne persistent pas une fois que l’économie sera sur la voie du rétablissement », souligne l’OCDE, alors que les Canadiens attendent encore le premier budget fédéral depuis deux ans.

La meilleure façon de réduire les dettes contractées pour combattre la pandémie est de réduire les dépenses publiques. Mais si de nouveaux revenus sont nécessaires, le Canada devrait augmenter la TPS plutôt que l’impôt sur le revenu, recommande l’OCDE.

Après un rebond à la fin de 2020, la croissance économique a ralenti au Canada et le taux de chômage reste plus élevé que la moyenne des pays membres, constate aussi l’OCDE.

Les exportateurs canadiens devraient toutefois profiter de la reprise de l’économie américaine, alimentée par les mesures de stimulation qui viennent d’être adoptées par le gouvernement. En 2021, l’OCDE prévoit une croissance du PIB canadien de 4,7 % et de 6,5 % pour l’économie américaine.

Des retards à rattraper

L’examen de l’OCDE, qui couvre tous les aspects de l’économie, met aussi en lumière les retards du Canada en matière d’équité salariale entre les hommes et les femmes, comparativement à la moyenne des pays membres.

En ce qui concerne l’environnement, le portrait du Canada est mitigé. À certains égards, observe l’OCDE, le pays fait mieux que la moyenne des pays membres, mais il traine de l’arrière pour les efforts de réduction des gaz à effet de serre.

Le secteur du pétrole et du gaz, en particulier, doit être ciblé puisqu’il est responsable du quart des émissions totales de GES au Canada. À moins d’efforts additionnels, l’OCDE s’attend à ce que les cibles de réduction d’émissions fixées par le gouvernement fédéral ne soient pas respectées.

Le Canada ne taxe pas autant les pollueurs que les autres pays membres, constate aussi l’OCDE, qui suggère d’augmenter les revenus provenant des taxes sur l’essence, le traitement des eaux et la disposition des déchets.

Un plan de relance de l’économie canadienne devrait aussi inclure des mesures pour rénover et isoler les maisons, ce qui serait à la fois bon pour l’économie et bon pour l’environnement.

Deux des recommandations déjà soumises au Canada, l’augmentation de la pratique du péage sur les autoroutes et du prix des stationnements pour encourager l’usage des transports publics, sont restées lettre morte, note l’OCDE.