(Washington) Les démocrates se sont montrés confiants vendredi soir avant un premier vote attendu dans la nuit sur le plan de relance de 1900 milliards de dollars voulu par Joe Biden, malgré un revers au Sénat qui empêchera très probablement la hausse du salaire minimum de figurer dans la version finale.  

Le temps presse pour soutenir une économie américaine durement frappée par la pandémie de COVID-19. Et le nouveau président démocrate voulait au départ voir adopter son « Plan de sauvetage américain » dès début février.  

Face au retard, il exhorte le Congrès à « avancer rapidement ».  

« Nous allons faire un gigantesque pas en avant ce soir », a affirmé la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, lors d’une conférence de presse.

À ses côtés, les chefs de la majorité démocrate se sont également montrés convaincus d’avoir assez de voix pour approuver ce texte à la chambre basse, lors du premier vote qui s’annonçait tard dans la nuit. Mais aussi la version finale du plan de relance une fois votée au Sénat.  

Même sans la hausse du salaire minimum, leur a demandé un journaliste ? « Absolument », a répondu Nancy Pelosi.  

« Le vote d’aujourd’hui est une étape cruciale dans notre combat pour vaincre la COVID-19 et reconstruire en mieux notre économie », a ajouté le chef de la majorité Steny Hoyer, en disant espérer voir la nouvelle version « revenir à la Chambre pour le vote final d’ici deux semaines ».  

« Nous devons adopter cette loi avant le 14 mars », lorsque le versement d’allocations chômage prolongé dans un précédent plan d’aide cessera, a-t-il martelé.  

« Gardienne » du Sénat

C’est une figure méconnue du Congrès qui a bousculé jeudi soir l’avancée de ce plan titanesque 

La gardienne des procédures, complexes, du Sénat, Elizabeth MacDonough, a jugé que le texte ne pouvait pas inclure la hausse du salaire minimum horaire à 15 dollars, inscrite dans le projet de loi.  

Si certains progressistes s’en sont indignés, appelant à outrepasser le jugement de cette « parliamentarian », une responsable non élue, Joe Biden a fait savoir dès jeudi soir qu’il le « respectait ». Tout en annonçant qu’il tenterait de faire avancer séparément l’augmentation du salaire fédéral minimum, actuellement à 7,25 dollars par heure.  

Une option également anticipée vendredi soir par les chefs démocrates de la Chambre. Même s’ils ont pourtant tenu à maintenir la hausse du revenu minimum – jusqu’à 15 dollars par heure, d’ici 2025 – dans le texte soumis au vote vendredi, comme marque de leur volonté de l’obtenir in fine.

« Nous verrons ce que le Sénat fera. S’ils ne sont pas d’accord, nous reviendrons avec un projet de loi indépendant », a expliqué Jim Clyburn, influent élu de la Chambre.  

Dans les faits, cette décision implique une plus longue navette parlementaire.  

Compte tenu de leur majorité à la chambre basse, le plan de 1900 milliards de dollars a effectivement de fortes chances d’y être facilement adopté vendredi soir. Il sera ensuite envoyé, la semaine prochaine, au Sénat.  

S’il y est à son tour adopté sans hausse du salaire, ce texte repartira à la Chambre pour un vote sur une version finale harmonisée.  

Grands patrons

Le retrait de la hausse du salaire minimum pourrait, dans les faits, faciliter l’adoption du plan de soutien. Car certains démocrates modérés étaient opposés à cette mesure.  

Or, avec son infime majorité au Sénat, et l’opposition annoncée des républicains au plan Biden, le parti a impérativement besoin d’unité pour faire adopter ce projet.  

Le sénateur Bernie Sanders et d’autres démocrates progressistes étudiaient toutefois vendredi une alternative pour encourager la hausse des revenus minimums : introduire dans le vaste plan de soutien un amendement créant des pénalités fiscales pour les grandes entreprises qui payent moins qu’un « minimum vital ».  

Mais les démocrates modérés pourraient s’y opposer. Et la « parliamentarian » aussi.  

Face à l’incertitude, les grands patrons américains appellent à agir vite.

Dans le détail, le plan Biden prévoit plusieurs dizaines de milliards de dollars pour l’accélération du rythme des vaccinations et le déploiement de tests, mais aussi 130 milliards de dollars pour aider les écoles et lycées à rouvrir malgré la pandémie.  

De nouveaux chèques d’aide d’un montant de 1400 dollars devraient être envoyés aux Américains, selon leur niveau de revenus, et la durée de versement des allocations chômage prolongée jusqu’au 30 septembre 2021.