Deux géants canadiens du secteur de l’énergie, Brookfield et Enbridge, se sont associés pour produire au Québec de l’hydrogène vert qui sera injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel de Gatineau.

L’investissement d’Evolugen, filiale de Brookfield Energy, et de Gazifère, filiale d’Enbridge, dans la filière de l’hydrogène vert fera l’objet d’une annonce ce jeudi au congrès annuel de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER).

Il s’agit d’une première pour les deux entreprises dans le secteur de l’hydrogène dit vert, c’est-à-dire produit avec de l’énergie renouvelable. Les discussions qui ont conduit à leur association ont duré plus d’un an, a expliqué Josée Guibord, chef de la direction d’Evolugen, lors d’un entretien avec La Presse.

Brookfield Energy, société mère d’Evolugen, est un producteur d’énergie renouvelable présent partout dans le monde. Gazifère, distributeur gazier de l’Outaouais, est une des entreprises d’Enbridge, établie à Calgary et spécialisée dans le transport du pétrole et du gaz.

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Un réservoir d’hydrogène d’Enbridge à Markham, en Ontario

Quelque 60 millions sur la table

Evolugen investira 50 millions dans la construction d’un électrolyseur de 20 mégawatts à Gatineau, à proximité de ses centrales hydroélectriques, qui l’alimenteront en énergie. Gazifère, de son côté, construira une conduite de 15 kilomètres pour acheminer l’hydrogène à son réseau de distribution de gaz naturel qui dessert 45 000 clients à Chelsea et à Gatineau. L’investissement de Gazifère est estimé à une dizaine de millions de dollars, pour lequel une aide gouvernementale est attendue.

Il s’agit d’une première au Canada, souligne Jean-Benoit Trahan, directeur général de Gazifère. L’hydrogène produit par Evolugen sera injecté directement dans le réseau de distribution de Gazifère, et aura des effets immédiats sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

L’usine de production d’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau nécessitera 20 mégawatts d’énergie produite par les centrales d’Evolugen sur la rivière La Lièvre, dont la capacité de production totale est de 250 mégawatts.

L’injection d’hydrogène dans le réseau de Gazifère rendra le gaz plus vert et permettra d’éviter l’émission de 15 000 tonnes de GES par année.

« C’est un partenariat parfait », estime Jean-Benoit Trahan.

Selon lui, un des avantages importants du partenariat est la création d’un réseau qui intègre la production, la distribution et la consommation d’hydrogène vert à l’échelle d’une région.

Le projet servira d’ailleurs de banc d’essai pour les deux entreprises, qui pensent déjà à répéter l’expérience ailleurs au Canada.

Un troisième projet au Québec

Le projet d’Evolugen et de Gazifère est le troisième investissement dans la filière de l’hydrogène vert annoncé au Québec en quelques mois.

La capacité de production de l’électrolyseur, à 20 mégawatts, égalera celle de la multinationale française Air Liquide, qui a inauguré en janvier un électrolyseur de 20 mégawatts à Bécancour, présenté alors comme le plus gros du monde.

Le plus important projet de production d’hydrogène vert reste celui annoncé par Hydro-Québec, qui veut construire une usine de production d’une capacité de 80 mégawatts à Varennes. Il s’agit de la première incursion de la société d’État dans cette filière énergétique.

L’objectif est d’alimenter en énergie l’usine de transformation des matières résiduelles en biocarburants que veut construire Enerkem à Varennes.

L’hydrogène peut maintenant être produit à partir d’une source d’énergie renouvelable à un coût compétitif, et la demande augmente parce qu’il permet de remplacer des sources d’énergie polluantes et d’électrifier des procédés industriels qui ne pourraient pas l’être directement.