Avec la fermeture de 2800 restaurants au cours de la dernière année et l’arrêt des activités dans les salles à manger pendant près de sept mois, dans certaines régions, l’Association Restauration Québec (ARQ) invite ses membres à se mobiliser en envoyant notamment des cartes postales au premier ministre François Legault et en signant la pétition « Sauvez les restos, M. Legault ! ». Or, pour certains restaurateurs, visiblement à bout de souffle, l’intervention de l’ARQ est trop modeste et arrive trop tard.

Sur la page Facebook de l’association, plusieurs d’entre eux critiquent l’inaction de l’ARQ. On lui reproche également d’avoir représenté les intérêts des grandes chaînes au détriment des plus petits restaurateurs. « Trop peu, trop tard. Les restos sont sur le point de rouvrir. L’ARQ brille plutôt par son inaction depuis 1 an bientôt », peut-on lire.

« Ces gestes sont très mignons, mais n’ont aucun impact », écrit un autre membre en faisant référence à la carte postale expédiée au premier ministre, le courriel envoyé au député ou encore la signature de la pétition.

Joint par La Presse, Kim Sgobba, chef et copropriétaire du restaurant Viva Sgobba à Québec, qui a également critiqué l’ARQ sur les réseaux sociaux, s’est dit « complètement désemparé » par l’attitude de son association.

On dirait qu’ils viennent de se réveiller. On dirait qu’ils gèrent ça comme des fonctionnaires dans un bureau.

Kim Sgobba, en faisant allusion au lancement de la pétition

M. Sgobba dit avoir l’impression que l’ARQ n’a pas l’oreille du gouvernement. « Souvent, dans les points de presse, les restaurants, on n’en parlait même pas. On a été les plus touchés et on aurait dit qu’on n’existait pas. »

L’ARQ se défend

Face à ces critiques, François Meunier, vice-président aux affaires corporatives et gouvernementales de l’ARQ, reconnaît « qu’il y a beaucoup d’impatience depuis longtemps ». « On a au moins la satisfaction d’avoir aidé des gens tous les jours, d’avoir informé des gens tous les jours, ajoute-t-il toutefois. C’est certain qu’on a été à pied d’œuvre, on a travaillé très fort. »

Il rappelle que son association a tout fait pour expliquer à ses membres les tenants et les aboutissants des différents programmes d’aide et qu’elle a fait plusieurs revendications auprès des instances gouvernementales. M. Meunier souligne par ailleurs que cette campagne de mobilisation pour la réouverture des salles à manger lancée mardi permettra aux restaurateurs d’« exprimer leur niveau d’impatience ». « On arrive à la limite de quelque chose », soutient-il.

Aliments du Québec lance aussi une campagne

Pendant ce temps, Aliments du Québec, qui a mis en place en 2014 un programme de reconnaissance – Aliments du Québec au menu – pour les restaurants qui s’engagent à favoriser les produits d’ici sur leur menu et à s’approvisionner à plus de 60 % d’ingrédients locaux, lance également une campagne pour inciter les gens à encourager ces établissements. Au total, 600 restaurants ont obtenu le sceau d’Aliments du Québec au cours des dernières années. « On voulait s’assurer que les gens puissent consommer local, même au restaurant », explique Isabelle Roy, directrice générale adjointe d’Aliments du Québec. Et avec la campagne intitulée « Doublement local », l’organisme veut remettre ces restaurants à l’avant-plan. Au cours des deux dernières années, le nombre d’établissements faisant partie du programme a doublé. La liste des restaurants est affichée sur le site de l’organisme.

Rappelons que les salles à manger situées en zone orange ont recommencé à recevoir des clients depuis le 8 février. Les établissements des régions de Québec, de Montréal et de l’Outaouais, notamment, sont toujours fermés.