La reprise économique au Québec était encore « robuste » au troisième trimestre, alors que la croissance du PIB réel s’est accélérée à 3,5 % sur un an, selon les données publiées mercredi par l’Institut de la statistique du Québec.

Toutefois, cet élan de croissance sera sûrement freiné par le retour des restrictions sanitaires pour contrer la nouvelle vague de COVID-19, avertissent des économistes. « Les nouvelles restrictions sanitaires en vigueur depuis le 20 décembre ralentiront l’activité économique à la fin de 2021 et au début de 2022 », anticipe Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.

« Au troisième trimestre, la croissance de 3,5 % de l’économie du Québec est nettement plus forte que prévu. Mais pour la suite, l’incertitude a monté d’un cran et l’économie sera affectée à nouveau [par la pandémie] au début de 2022. »

Selon Mme Bégin, la progression rapide du produit intérieur brut (PIB) réel (au troisième trimestre) s’explique surtout par « la vigueur des dépenses des ménages et l’amélioration du commerce extérieur [NDLR : exportations et importations] ».

Les dépenses de consommation se sont accélérées au Québec au troisième trimestre grâce au retour en force des dépenses en services pendant la période estivale avec la levée des restrictions sanitaires, notamment la réouverture des restaurants pour la saison touristique.

Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins

Mais avec le retour des restrictions sanitaires, Hélène Bégin appréhende que « l’effet inverse [soit] toutefois à prévoir pour les prochaines semaines ».

À la Banque Nationale, l’économiste Daren King note que « l’économie québécoise a continué sa progression au troisième trimestre » selon les données de l’Institut de la statistique du Québec. Mais il observe aussi que « cette croissance au troisième trimestre était moins forte que celle observée dans l’ensemble du pays ».

Est-ce que cet écart de croissance continuera de s’élargir, alors que le Québec est redevenu l’épicentre canadien de la nouvelle vague de COVID-19 ?

Pour le moment, constate Daren King, « la reprise économique au Québec est toujours en avance par rapport à celle du Canada. En fin de troisième trimestre, le PIB du Québec se trouvait à 0,9 % au-dessus de son niveau d’avant la crise [sanitaire], alors que le PIB de l’ensemble du pays accusait toujours un retard de 1,4 % ».

Des investissements en baisse

Entre-temps, parmi les faits saillants du troisième trimestre, l’économiste de la Banque Nationale remarque que la croissance plus forte que prévu s’est avérée « moins diffuse » par rapport aux trimestres précédents.

« La croissance de la consommation des ménages et des dépenses des gouvernements ainsi que l’augmentation plus importante des exportations par rapport aux importations expliquent entièrement la hausse du PIB du Québec au troisième trimestre », souligne Daren King.

« À l’inverse, la construction résidentielle a chuté fortement lors du trimestre, avec le recul des mises en chantier et de l’activité sur le marché de la revente. Aussi, les investissements [des entreprises] en machinerie et équipements, en construction non résidentielle et en produits de propriété intellectuelle (R-D) étaient tous en baisse lors du trimestre. »

Par conséquent, note l’économiste de la Banque Nationale, « les investissements des entreprises québécoises continuent de sous-performer par rapport à l’ensemble du pays ».