(Washington) L’économie américaine a progressé à une cadence de 2,3 % au troisième trimestre, légèrement mieux qu’on ne le pensait, a annoncé mercredi le département américain du Commerce. Mais les perspectives d’un solide rebond pour les prochains mois sont assombries par la propagation rapide du dernier variant du coronavirus.

Le troisième et dernier regard sur la performance du produit intérieur brut — soit la production totale de biens et services du pays — était supérieur à l’estimation du mois dernier, qui faisait état d’une croissance de 2,1 %.

Cette amélioration est principalement due à des dépenses de consommation et des reconstitutions de stocks des entreprises plus élevées que ce qui avait d’abord été estimé.

Le gain de 2,3 % au troisième trimestre fait suite à la croissance explosive de la première moitié de l’année, alors que le pays sortait de la pandémie, du moins sur le plan économique. La croissance a été de 6,3 % au premier trimestre et de 6,7 % au deuxième trimestre. L’émergence du variant Delta au cours de l’été a été à l’origine d’une grande partie du ralentissement du troisième trimestre.

Maintenant, avec l’apparition du variant Omicron qui vient s’ajouter à une inflation élevée et à des problèmes persistants de chaîne d’approvisionnement, on craint que la croissance ne soit limitée d’ici 2022.

Ces craintes ont envoyé le marché boursier dans une course turbulente ces derniers jours, même si un nouvel optimisme s’appuyant sur la possibilité qu’Omicron soit plus gérable a fait grimper mardi la moyenne industrielle du Dow Jones de 560 points.

Tous les principaux marchés américains se sont redressés cette semaine, mais tous sont en territoire négatif pour les 30 derniers jours.

Les économistes affirment qu’il est beaucoup trop tôt pour évaluer avec précision les menaces posées par le nouveau variant.

« L’histoire se répète avec la réapparition soudaine du virus de la COVID et l’affaiblissement des perspectives de croissance économique », a observé Sung Won Sohn, professeur d’économie et de commerce à l’Université Loyola Marymount de Los Angeles.

Prévisions révisées à la baisse

Oxford Economics a réduit ses prévisions de croissance économique pour le trimestre en cours, les faisant passer de 7,8 % à 7,3 %, ce qui représenterait malgré tout un rebond important par rapport au ralentissement du troisième trimestre.

Après que le sénateur démocrate Joe Manchin a exprimé son opposition aux plans de dépenses de son parti, Goldman Sachs a réduit ses prévisions de PIB à 2,0 %, contre 3,0 % pour le premier trimestre, 3,0 % contre 3,5 % pour le deuxième trimestre et 2,75 % contre 3,0 % au troisième trimestre.

Kathy Bostjancic, économiste financière en chef aux États-Unis pour Oxford, a souligné que l’évaluation actuelle de l’entreprise était que la résurgence de la COVID-19 pourrait réduire la croissance l’année prochaine de 4,3 % à 4,1 %. En outre, si le programme « Build Back Better » du président Biden devait être complètement déraillé, cela pourrait probablement raser 0,4 point de pourcentage supplémentaire à la croissance de 2022, la ramenant à environ 3,7 % et réduisant d’un demi-point la croissance de 2023, la ramenant à moins de 2,0 %.

Elle a noté que selon ces hypothèses, la croissance de l’emploi pourrait être inférieure de 750 000 à la même époque l’année prochaine si la croissance économique ralentissait autant qu’elle le craint.

« Omicron a été si envahissant », a affirmé Mme Bostjancic. « Nous pensons que cela va avoir un impact assez important sur l’activité économique. »

Et la résurgence de la COVID n’est pas le seul élément qui pourrait freiner l’économie l’année prochaine. L’inflation a atteint son plus haut niveau en près de quatre décennies, ce qui a incité la Réserve fédérale des États-Unis à commencer à retirer le soutien massif qu’elle a fourni à l’économie alors qu’elle passe de la tentative de stimuler la croissance de l’emploi à la lutte contre la progression des prix à la consommation.

Les économistes s’attendent à ce que la croissance du PIB cette année atteigne environ 5,5 %. Il s’agirait de la meilleure performance depuis 1984, et elle représenterait un renversement par rapport à l’année dernière, lorsque l’économie s’était contractée de 3,4 % et que la pandémie mondiale a supprimé 22 millions d’emplois au début de l’année.

Le rapport de mercredi a montré que les dépenses de consommation, qui représentent les deux tiers de l’activité économique aux États-Unis, avaient augmenté à un taux de 2 % au troisième trimestre, en baisse par rapport à la hausse de 12 % du trimestre d’avril à juin, mais en hausse par rapport aux estimations du mois dernier, qui présentaient un gain trimestriel de 1,7 %.

C’est pourtant l’incertitude de l’avenir qui préoccupe désormais les économistes.

« Le variant Omicron présente un risque de baisse à court terme, tout comme les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et les pénuries, qui pourraient être une contrainte pour les ménages et les entreprises au cours des prochains mois », a affirmé Rubeela Farooqi, économiste en chef pour les États-Unis chez High Frequency Economics.