Le marché résidentiel de la région montréalaise montre des signes d’une bulle en puissance, prévient l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).

« On constate effectivement la formation d’un début de bulle immobilière dans la grande région de Montréal qui se caractérise, d’une part, par l’incapacité de la majorité des premiers acheteurs d’accéder à la propriété et, d’autre part, par la vulnérabilité des nouveaux acheteurs et des acheteurs expérimentés », écrit l’APCIQ, dans un communiqué publié mardi matin.

L’association tient sa conférence virtuelle Fenêtre sur le marché immobilier mardi dans lequel elle présente son bilan 2021 et ses perspectives 2022 pour le marché résidentiel au Québec.

À Montréal, il est encore temps d’intervenir avec la hausse des taux d’intérêt pour éviter que la bulle ne gonfle comme à Toronto ou Vancouver, croit l’APCIQ. Au Québec, plusieurs grandes villes, comme Trois-Rivières et Saguenay, et d’autres de taille intermédiaire offre « un niveau d’abordabilité satisfaisant », selon l’association, et sont dans une dynamique de rattrapage de prix et non pas dans un mode spéculatif.

« Les enjeux d’abordabilité sont devenus critiques dans la région de Montréal, notamment pour les jeunes ménages, souligne l’organisme. À moins d’envisager de quitter la métropole, les jeunes ménages doivent de plus en plus se rabattre sur la copropriété et mettre une croix sur le projet d’achat d’une unifamiliale dans la région métropolitaine de recensement de Montréal, notamment ceux qui n’ont pas accès à un soutien de la part de leur famille. Les moins nantis et les moins mobiles d’entre eux capitulent et demeurent dans le marché locatif, retranchant autant de transactions sur le marché de la revente. »

Le segment de la maison unifamiliale cossue est particulièrement à risque d’une correction des prix si la conjoncture devait se détériorer. Toutefois, l’APCIQ croit que la remontée des taux d’intérêt attendue en 2022 tombe à point nommé pour éviter le gonflement de la bulle et ses excès indésirables.

« Cette hausse des taux d’intérêt arrive à temps pour désamorcer la formation d’une bulle dans la grande région de Montréal, avance Charles Brant, directeur du Service de l’analyse du marché de l’APCIQ. Nous observerons plutôt une stabilisation, voire une correction, dans plusieurs secteurs, en particulier ceux situés dans les gammes de prix supérieures. »

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Charles Brant, directeur du Service de l’analyse du marché de l’APCIQ

Le prix médian d’une maison dans la région montréalaise s’élève maintenant à 493 460 $, en hausse de 45 % depuis 2019. L’ascension du prix médian ralentira enfin en 2022. L’APCIQ prévoit un prix médian tout juste sous la barre du demi-million, à 498 395 $, ce qui représenterait une hausse de prix d’à peine 1 %.

Pour le Québec dans son ensemble, le prix des maisons a gagné 23 % en 2021. Le prix médian s’élève à 363 000 $. L’an prochain, une hausse de 3 % est prévue, à 374 000 $.

Pour l’APCIQ, le marché résidentiel passera de la surchauffe, qui l’a caractérisé en 2021 à une sorte de normalisation forcée en 2022, par la hausse annoncée des taux d’intérêt.