(Toronto) Les augmentations de salaire moyennes accordées aux hommes cette année étaient près du double de celles reçues par les femmes, selon une nouvelle enquête.

L’enquête menée auprès de plus de 4000 petites et moyennes entreprises par la société torontoise de logiciels de ressources humaines Humi a révélé que l’augmentation de salaire moyenne des femmes travaillant pour des petites et moyennes entreprises en 2021 a été de 5,3 %, tandis que les hommes ont reçu 10,3 %.

« Aussi effrayante que soit cette statistique en 2021, les chiffres étaient également assez sombres en 2020 », a noté Andrea Bartlett, directrice des ressources humaines de Humi.

Cette année-là, Humi avait découvert que le salaire mensuel moyen d’une femme se situait entre 1000 et 2000 $ sous celui des hommes et que les hommes étaient environ 10,7 % plus susceptibles d’obtenir une augmentation que les femmes.

En 2021, il y a eu une légère amélioration. Les hommes étaient 4,4 % plus susceptibles de recevoir une augmentation que les femmes, a constaté Humi.

La disparité des augmentations de salaire dans les petites et moyennes entreprises au cours de l’année dernière est la plus récente épreuve dans une « récession féminine » qui, selon les économistes, a laissé les femmes sous-payées, surmenées et souvent exclues des possibilités d’emploi.

Ils ont souligné que des masses de femmes ont quitté le marché du travail au cours de la pandémie, plusieurs attribuant leur départ à des responsabilités parentales inégales, à un manque de flexibilité dans leur travail et à des licenciements.

Ils ont ajouté que la pandémie a exacerbé les inégalités sur un marché du travail déjà connu pour verser aux femmes 89 cents pour chaque dollar gagné par un homme et pour imposer une « pénalité de maternité » – un terme utilisé pour décrire la façon dont les femmes qui ont des enfants sont traitées par les employeurs.

Environ 1,5 million de Canadiennes ont perdu leur emploi au cours des deux premiers mois de la pandémie et 45 % des femmes du pays ont connu une baisse des heures travaillées, a déclaré la Banque Royale du Canada en juillet dernier.

« Les femmes ont dû prendre du recul dans leur carrière », a indiqué Mme Bartlett.

« La perte de femmes sur les lieux de travail que cette pandémie a créée ne fait qu’exacerber l’écart salarial. »

Son enquête indique que la différence entre la façon dont les hommes et les femmes sont rémunérés dans les petites et moyennes entreprises peut être alimentée par les structures de pouvoir des entreprises, le style avec lequel les gens négocient et le manque de femmes dans les postes de direction et autres postes de leadership.

Humi a constaté que seulement 21 % des répondants avaient des femmes dans des postes de direction.

La moitié des répondants au sondage ont aussi dit qu’ils n’avaient pas de plans d’équité, de diversité et d’inclusion.

Cela a déçu Mme Bartlett parce qu’elle considère que de tels plans sont le strict minimum que les entreprises peuvent faire pour promouvoir la diversité et qu’elle espérait que leur intérêt pour l’équité serait plus élevé un an après que George Floyd, un homme noir de Minneapolis, a été tué en garde à vue, braquant les projecteurs sur le racisme systémique.

Cela s’est également produit trois ans après la naissance du mouvement MeToo (moiaussi), lorsque des femmes ont commencé à parler publiquement d’allégations d’inconduite sexuelle de la part d’hommes puissants.

« Il peut être intimidant de penser à une stratégie d’équité, de diversité et d’inclusion, et encore plus d’une politique, mais […] cela ne signifie pas que les entreprises ne peuvent pas commencer petit », a avancé Mme Bartlett.

Une fois qu’ils se sont mis au rythme de la résolution de ces problèmes, ils peuvent s’attaquer à des politiques plus larges qui peuvent aborder des enjeux comme le congé parental.

Humi a constaté que 64 % des personnes interrogées ont déclaré que leur entreprise n’offrait pas de politique de congé de maternité et de paternité supérieure aux exigences de la loi sur les normes d’emploi.

Pour les entreprises qui fournissent une sorte de complément de salaire, près de la moitié offrent juste un peu plus que les exigences de la loi, ce qui équivaut à un complément de salaire compris entre 10 et 25 %.