(Paris) La priorité économique, c’est le vaccin : l’OCDE a exhorté mercredi les États à accélérer le rythme dans la distribution des doses afin d’enrayer la pandémie, pointant « la menace pour la reprise » économique du variant Omicron.

« La souche Omicron ajoute davantage d’incertitude à celle déjà à l’œuvre, ce qui pourrait représenter une menace pour la reprise », a affirmé Laurence Boone, la cheffe économiste de l’organisation internationale, au cours d’une conférence de presse mercredi.  

Dans les conclusions de ses perspectives économiques intermédiaires, l’Organisation de coopération et de développement économiques affirme que « la priorité demeure de s’assurer que les vaccins sont produits et distribués le plus rapidement possible à travers le monde, y compris les doses de rappel ».

« Ce serait une grosse erreur que de penser que le travail est presque terminé », a pointé la cheffe économiste, ajoutant que « les nouvelles sur le variant Omicron sont sans doute un rappel de cet échec irréfléchi ».  

Les pays développés du G20 ont ainsi dépensé 10 000 milliards de dollars pour protéger leur économie pendant la crise alors que vacciner la planète ne coûterait que 50 milliards, a-t-elle remarqué.

Interrogée sur le nouvel appel du président américain Joe Biden à lever les brevets sur les sérums anti-COVID-19 pour doper la fabrication de vaccins dans le monde, elle a semblé en désaccord, répondant qu’il s’agissait davantage de problèmes de logistique dans la distribution des vaccins, que d’une production insuffisante.

Bien qu’elles ne prennent pas en considération les derniers développements autour du variant Omicron, dont le niveau de virulence est encore incertain, les prévisions de croissance mondiale de l’OCDE pour 2021 ont été revues en légère baisse de 0,1 point à 5,6 %, en comparaison avec les précédentes prévisions de septembre.

La prévision de progression de l’activité l’an prochain reste en revanche inchangée, à 4,5 %.

« Déséquilibres frappants »

D’après les analystes d’Oxford Economics, ce variant pourrait coûter entre 0,25 point de croissance l’an prochain, s’il s’avère relativement inoffensif, et plus de 2 points, si une large partie de la population mondiale devait à nouveau se confiner.

Dans le sillage de la reprise cette année, « des déséquilibres frappants sont apparus », souligne l’organisation, entre pays développés d’un côté et pays émergents et en développement.

Ces écarts sont le reflet des inégalités dans les systèmes de santé, les politiques publiques, les pénuries de travailleurs, et une inflation « plus durable qu’anticipé ».  

Pour la zone euro, l’OCDE prévoit un léger recul de sa prévision de croissance 2021 à 5,2 %.  

Elle table sur une amélioration pour la France avec un PIB en progression de 6,8 % cette année (+0,5 point) et 4,2 % l’an prochain (+0,2), et pour l’Italie respectivement en progression de 6,3 % (+0,4 point) et 4,6 % (+0,5).  

L’Allemagne subit « des pénuries de matériaux clés » pour son industrie et voit sa prévision reculer de 0,5 point l’an prochain à 4,1 % mais se stabiliser à 2,9 % cette année. Le Royaume-Uni affiche un léger rebond par rapport aux précédentes prévisions, à 6,9 % mais un recul pour 2022 à 4,7 %.  

Du côté des États-Unis l’OCDE a de nouveau abaissé ses attentes, cette fois à 5,6 % cette année et 3,7 % l’an prochain. « Le retrait actuel du soutien budgétaire a maintenant un impact négatif », justifie-t-elle.

En Asie, après avoir connu un début d’année solide, la Chine « a marqué le pas » au deuxième semestre. L’OCDE entrevoit 8,1 % de croissance cette année et 5,1 % l’an prochain, en recul de 0,4 et 0,7 point.

Les déboires d’Evergrande, un promoteur immobilier chinois ultra-endetté « affaiblissent l’investissement dans l’immobilier, un pourvoyeur important de croissance ».

Sur l’inflation, autre grande crainte du moment, l’OCDE anticipe un pic d’ici la fin du premier trimestre prochain dans la majorité des pays avancés et émergents, un recul graduel. Une partie des difficultés d’approvisionnement devrait se dissiper dès la fin d’année, ajoute-t-elle.

L’institution invite les banquiers centraux à « dire clairement dans quelle mesure des chiffres d’inflation supérieurs à leurs objectifs seront tolérés » dans le cadre de leur politique sur les taux d’intérêt.

Le président de la Réserve fédérale Jerome Powell a justement affirmé mardi que « les risques d’une inflation plus persistante se sont accrus », et qu’il envisage une réduction plus rapide des achats d’actifs, ouvrant la voie à une hausse de taux plus vite qu’anticipé.