Une semaine après l’annonce que Montréal ferait partie des villes accueillant l’ISSB, grâce au travail notamment de Montréal International, son PDG a détaillé mercredi les efforts déployés par la communauté d’affaires, politique et universitaire pour loger l’organisation.

Il y aura d’abord Francfort, mais aussi Montréal. Lors d’une allocution organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), mercredi, Stéphane Paquet, PDG de Montréal International, a soutenu que c’est notamment l’implication de nombreux acteurs de plusieurs milieux qui a permis à Montréal d’être choisi par la Fondation IFRS (International Financial Reporting Standards Foundation) pour accueillir – à défaut du siège social – un des bureaux principaux de l’ISSB (International Sustainability Standards Board), une nouvelle organisation internationale responsable d’établir les normes environnementales pour les entreprises à l’échelle mondiale.

« Montréal International a l’habitude de coaliser bien des acteurs, a-t-il raconté. Mais en six ans, je n’ai jamais travaillé sur un dossier qui a suscité autant d’enthousiasme en provenance de toutes les sphères de la société. Rapidement, on a senti que l’écosystème québécois était derrière nous. »

Montréal International a déposé son dossier de candidature avec Finance Montréal, en août, en misant principalement sur deux arguments : Montréal, ville de finance durable et d’organisations internationales. « D’autres importants centres financiers ont démontré un certain intérêt pour accueillir l’ISSB, comme Londres, Pékin et Genève », énumère Stéphane Paquet

En conférence, le PDG a nommé plusieurs dirigeants de grandes entreprises qui se sont mobilisés, en plus de la mairesse Valérie Plante, du gouvernement québécois et d’élus fédéraux, d’organisations environnementales et d’universités. « Tout le monde a répondu présent, affirme M. Paquet. On s’est aussi tourné vers Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, qui nous a donné rapidement son appui. Une vingtaine de recteurs, chanceliers et directeurs généraux ont exprimé non seulement leur soutien, mais aussi leur intention de collaborer avec l’ISSB si elle s’installait à Montréal. »

« On avait des arguments rationnels, factuels et financiers, mais ce désir de travailler ensemble pour nous assurer que l’arrivée de l’ISSB à Montréal serait un succès a joué en notre faveur, j’en suis certain », poursuit Stéphane Paquet.

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Stéphane Paquet, PDG de Montréal International

Comme avec l’OACI en aviation civile, c’est à Montréal que seront aussi développées des normes mondiales de divulgation en matière d’ESG [critères environnementaux, sociaux et de gouvernance].

Stéphane Paquet, PDG de Montréal International

Dans un désir de créer de la richesse durable, Montréal International conscientisait déjà ses démarcheurs d’investissements étrangers. « Nous avons créé cet automne une équipe spéciale pour verdir davantage l’économie du Grand Montréal, dédiée aux technologies propres grâce à des fonds du gouvernement du Canada, a dit Stéphane Paquet. Depuis deux ans, notre système de gestion de la performance incite notamment nos démarcheurs à attirer des entreprises qui se distinguent par leurs hauts standards en matière de responsabilité sociétale et environnementale.

« On le voit avec des projets de centres de données qui choisissent le Grand Montréal pour réduire leur empreinte carbone. On le voit aussi avec des AspenTech qui développent des logiciels optimisés par l’intelligence artificielle pour aider le secteur industriel à réduire son impact pour l’environnement. »

Est-ce à dire que les secteurs de l’aérospatiale, de l’intelligence artificielle et du jeu vidéo seront moins dans la ligne de mire de Montréal International désormais ? « Non, les critères de responsabilité sociétale et environnementale sont un ajout, a répondu plus tard Stéphane Paquet à La Presse. Ça n’efface pas tout le reste. On est conscient que ça prend de l’importance parmi la communauté financière. L’aspect vert, c’est transversal. Ça peut s’appliquer à plusieurs secteurs. »

Montréal International estime Montréal très attrayant malgré la criante pénurie de main-d’œuvre dans la province. L’organisme rappelle néanmoins offrir des services pour faciliter l’immigration. « Nous travaillons d’arrache-pied pour faire croître le bassin de travailleurs qualifiés », affirme Stéphane Paquet.

« Cela dit, la situation du Grand Montréal est différente de celle du reste du Québec : pour 100 personnes qui quittent leur emploi, 101 entrent sur le marché du travail. Il y a plusieurs situations d’emploi dans la province. »