(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau et le président mexicain Andrés Manuel López Obrador se rendront à la Maison-Blanche le 18 novembre.

La Maison-Blanche a annoncé mercredi dans un communiqué que le président Joe Biden accueillera M. Trudeau et le président mexicain Andrés Manuel López Obrador pour le premier Sommet des leaders nord-américains depuis 2016 ; cette tradition avait été rompue pendant la présidence de Donald Trump. Ce sera par ailleurs la première visite de M. Trudeau à Washington depuis que Joe Biden est devenu président, en janvier.

« Les priorités de cette année seront notamment la fin de la lutte contre la COVID-19, la poursuite de la vaccination, la lutte contre les changements climatiques, la création de nouveaux emplois pour la classe moyenne, la mise en place d’une relance économique profitable pour tout le monde et la migration », indique le cabinet du premier ministre dans un communiqué.

Le Canada, en particulier, a beaucoup de sujets dont il voudra parler. En haut de cette liste se trouvera certainement le projet de l’administration Biden d’un crédit d’impôt pour l’achat d’un véhicule électrique de fabrication américaine, qui fait partie de l’ambitieux programme de dépenses économiques et sociales « Build Back Better » du président démocrate.

Certains estiment que ce crédit d’impôt, qui pourrait valoir 12 500 $ US pour les acheteurs de voitures neuves aux États-Unis, accorderait un avantage injuste aux « trois grands de l’auto » et viendrait saper tout ce secteur automobile hautement intégré entre les deux pays.

Cette critique rejoint les préoccupations plus larges du Canada concernant la puissante rhétorique protectionniste « Buy American » du président Biden, notamment un mécanisme de vérification plus strict pour les entrepreneurs et les fournisseurs étrangers qui cherchent à tirer profit des efforts spectaculaires pour rénover les infrastructures aux États-Unis.

Le lait, le bois d’œuvre…

Les deux pays se préparent également à une confrontation sur de vieux irritants continentaux, comme le bois d’œuvre résineux et les importations de produits laitiers. La plainte des États-Unis concernant les règles du Canada pour l’importation de produits laitiers fabriqués aux États-Unis est le premier litige commercial important depuis l’avènement de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique, qui a remplacé l’ALENA.

Le Canada est également impatient de jouer un rôle stratégique en fournissant des minéraux essentiels et des métaux du groupe des terres rares pour fabriquer les batteries et les composants électroniques si essentiels au marché nord-américain des véhicules électriques, un secteur en pleine expansion.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a d’ailleurs déploré mercredi matin que le « Buy American Act » fasse en sorte que des ressources naturelles, comme le lithium, soient extraites au Québec, mais transformées aux États-Unis en produits finis, qui sont ensuite vendus au Québec.

« Le ’Buy American Act’ est une mesure protectionniste qui fait en sorte, et c’est très déplorable, qu’il y a une tendance à une vieille pratique antédiluvienne dans la politique québécoise qui est de voir nos ressources naturelles extraites, un peu dégrossies sur le territoire, laissant le plus gros du déchet au Québec, puis exportées vers les États-Unis qui font l’essentiel de la valeur ajoutée, qui obtiennent l’essentiel de la valeur ajoutée pour retourner au Québec des produits transformés », a-t-il dit en conférence de presse. « L’exemple le plus évident, c’est de voir potentiellement du lithium québécois sortir du Québec et nous revenir sous forme de batterie à partir de notre propre lithium qu’on achètera à fort prix. »

La nouvelle de la réunion à Washington fait par ailleurs suite à l’assouplissement, lundi dernier, des restrictions de voyage liées à la COVID-19, qui empêchait toujours les visiteurs canadiens pleinement vaccinés de traverser la frontière canado-américaine pour des voyages « non essentiels ».

La Maison-Blanche a décrit l’ordre du jour de la réunion comme une façon de réaffirmer « des liens forts et une intégration » trilatérale, tout en « traçant une nouvelle voie » pour la COVID-19, la compétitivité, le changement climatique et les migrations. « Le renforcement de notre partenariat est essentiel à notre capacité à mieux reconstruire, à revitaliser notre leadership et à répondre à un éventail croissant de défis régionaux et mondiaux », écrit la Maison-Blanche. « Dans le respect de la souveraineté de chacun et dans un véritable esprit de partenariat, nous affirmons notre vision inébranlable que l’Amérique du Nord est la région la plus compétitive et la plus dynamique au monde. »