(Washington) L’économie américaine pourrait être prête fin 2022 pour une hausse des taux directeurs, selon un responsable de la banque centrale américaine, qui a toutefois écarté un relèvement à très court terme.

Les « conditions nécessaires pour relever […] les taux directeurs seront atteintes d’ici la fin de l’année 2022 » si l’inflation ralentit et que le chômage recule comme il l’anticipe, a déclaré lundi Richard Clarida, le vice-président de la Réserve fédérale (Fed), lors d’une conversation en ligne organisée par la Brookings Institution.

Néanmoins, a-t-il souligné, la Réserve fédérale est encore « loin d’envisager une hausse des taux d’intérêt ».

Les taux directeurs de la Fed sont situés dans une fourchette de 0 à 0,25 % depuis mars 2020. Ils avaient été abaissés à ce niveau alors que la pandémie de COVID-19 commençait à s’étendre aux États-Unis, mettant l’activité économique entre parenthèses.

Or, la première économie du monde se redresse petit à petit, et, comme de nombreux autres pays, fait désormais face à une forte inflation, due notamment aux difficultés mondiales d’approvisionnement.

En temps normal, une hausse des prix trop forte aurait à elle seule justifié de relever les taux. Mais les responsables de la Fed craignent qu’une telle décision ne nuise à la solidité de la reprise, et notamment à l’emploi qui n’est pas encore complètement remis de la pandémie.

« Nous pensons que nous pouvons patienter », avait commenté mercredi dernier le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion du comité de politique monétaire.

« Nous ne pensons pas que ce soit le bon moment pour augmenter les taux d’intérêt parce que nous voulons voir le marché du travail se rétablir davantage », avait-il ajouté.

D’autant plus que la Fed veut, avant de commencer à relever ses taux directeurs, avoir ramené à zéro ses achats d’actifs, dont le montant s’élève à 120 milliards de dollars mensuels depuis le début de la crise.

La voie devrait être libre mi-2022 : le mouvement de réduction de ces achats a été annoncé mercredi, et débutera dès novembre, premier pas vers une normalisation de la politique monétaire après plus d’un an et demi de soutien à une économie en crise.

Déséquilibres

Richard Clarida juge par ailleurs que les déséquilibres entre l’offre et la demande devraient « se dissiper avec le temps lorsque le marché du travail et les chaînes d’approvisionnement mondiales finiront par s’ajuster », et ce « sans pression persistante » sur les prix et les salaires.

Cependant, la plupart des responsables de la Fed pensent que l’inflation pourrait être plus forte et tenace que prévu, a-t-il encore précisé.

Cela pourrait pousser l’institution à accélérer le rythme auquel elle retourne à une politique monétaire habituelle.

Le vice-président de la Fed table ainsi sur un ralentissement de l’inflation à 2,3 % d’ici fin 2022, contre 4,4 % en septembre, au plus haut depuis 1991, selon l’indice PCE, privilégié par la Fed.

Quant au taux de chômage, de 4,6 % en octobre, il le voit reculer à 3,8 % d’ici la fin de l’année prochaine, et estime que les 4,2 millions d’emplois toujours manquants par rapport à la période pré-COVID-19 pourraient être recréés d’ici fin 2022.

Certaines Banques centrales ont déjà commencé à relever leurs taux : celle de Norvège, Nouvelle-Zélande, Brésil, Pologne, etc. La Banque d’Angleterre a maintenu son taux, mais signalé un tour de vis à venir, tandis que le Canada pourrait y avoir recours plus tôt que prévu, au deuxième ou troisième trimestre 2022.

En revanche, la Banque centrale européenne (BCE) n’envisage pas d’y toucher avant 2023, estimant que, malgré la poussée inflationniste actuelle, les perspectives « à moyen terme restent modestes ».