C’est par l’émotion que la Chambre de commerce du Montréal métropolitain veut convaincre les travailleurs et les employeurs de revenir au centre-ville. Pour ce faire, elle a lancé ce lundi la campagne publicitaire « J’aime travailler au centre-ville » avec un slam de l’artiste montréalais Antoine Leclerc qui a fait une prestation durant la conférence de presse.

Plutôt que de miser sur l’importance économique d’un retour au centre-ville, qui a beaucoup souffert pendant la pandémie, la campagne multiplateforme déployée sur plusieurs semaines misera sur des verbes qui veulent susciter le plaisir de se retrouver au centre-ville pour dîner au restaurant avec ses collègues ou sortir après le boulot voir un spectacle, tels que « s’entreretrouver », « s’entremotiver » et « s’entredivertir ».

« On veut avoir une émotion positive, d’envie, de désir, d’amour, qui reflète le J’aime travailler au centre-ville », a déclaré Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. On cherche aussi à séduire les jeunes travailleurs en « baskets » plutôt que ceux en « cravate ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

L’artiste Antoine Leclerc a offert une prestation avec un slam sur Montréal.

Séduire les banlieusards

Alors que l’hiver est à nos portes, que la congestion, les travaux et le télétravail pèsent dans la balance, comment convaincre les banlieusards de sortir de chez eux ? « Est-ce qu’en plein janvier à -20, tout le monde va être sur les routes pour revenir à Montréal en transport collectif ? Sûrement pas ! a répondu Michel Leblanc. Mais est-ce que l’été prochain rendu en mai avec la douceur du printemps, avec tout ce qui va s’être passé, les gens vont s’être fait à l’idée et vont revenir deux, trois, quatre jours semaine ? C’est ça qu’on espère. »

Pour reconquérir le plus de travailleurs possible, le président de la Chambre consent que tout doit être fluide pour accéder au centre-ville, que ce soient les transports collectifs ou la voiture. « Donc gestion des travaux, gestion du stationnement, lancer des messages clairs qu’on est ouvert à ce que des voitures viennent au centre-ville. »

Miser sur une nouvelle tarification des transports collectifs

Selon la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal et ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, le meilleur moyen de revenir au centre-ville, c’est le transport collectif. « Évidemment lorsque la Santé publique mettra tous les drapeaux au vert », a-t-elle précisé lors de l’évènement. La ministre a rappelé que le métro et l’autobus étaient sécuritaires pour les usagers et qu’il n’y avait eu aucune éclosion au cours des derniers mois.

La ministre Rouleau a profité du point de presse pour souligner que la tarification allait changer le 1er décembre. Les usagers pourront désormais acheter un carnet de 10 passages multi-zones qui reviendront moins cher qu’achetés à l’unité. L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) fera une campagne publicitaire dans les prochaines semaines pour faire connaître ses nouveaux tarifs ainsi que ceux déjà existants, mais moins connus.

« Voyant la place que prend tout le télétravail, qui maintenant fait partie de certaines habitudes, il faut moduler le transport collectif », a affirmé la ministre Rouleau.

Il y a plus de voitures qu’en 2019 sur l’île de Montréal, a-t-elle soulevé. « C’est troublant, donc il faut corriger cette situation-là. »

Le président de la Chambre souhaiterait toutefois que l’ARTM aille plus loin. Puisque les travailleurs en mode hybride risquent de se déplacer plusieurs fois au cours d’une même journée au centre-ville, les entreprises et les employés souhaiteraient, dit-il, un outil tarifaire qui permet des passages illimités pendant 24 heures.

« Est-ce que le module devrait être une carte à 10 jours dans le mois, où durant cette journée-là une infinité de déplacements est possible ? suggère Michel Leblanc. À ce moment-là, ça va permettre aux travailleurs en mode hybride d’avoir la même flexibilité qu’une carte Opus leur donnait. »

Selon l’analyse de la Chambre, le retour au centre-ville prendra de 12 à 18 mois.

À la fin d’août, 47 % des employeurs affirmaient à la Chambre que le retour était entamé dans leur entreprise. Une mise à jour de ce sondage devrait sortir sous peu.