(Dublin) L’Irlande donne des signes selon lesquels elle pourrait accepter un compromis sur un impôt mondial minimum sur les sociétés à 15 %, écrivent plusieurs médias mercredi.

Le premier ministre irlandais Micheal Martin a dit au quotidien Irish Times qu’il y avait eu « des progrès importants » dans les discussions avec l’OCDE pour parvenir à une ébauche d’accord avant le sommet de vendredi.

Le quotidien et la chaîne publique RTE indiquent que le compromis porterait notamment sur le retrait de la mention d’un taux d’imposition minimum de 15 % « au moins », qui deviendrait un taux de 15 % tout court.

Il y a « des signaux croissants selon lesquels le gouvernement va se joindre à un accord (sous l’égide de l’OCDE) sur un impôt minimal sur les sociétés à 15 % » mondial, selon l’Irish Times.

Le ministre des Affaires étrangères Simon Coveney a pour sa part déclaré sur RTE mercredi qu’il avait « bon espoir » que l’Irlande rejoindrait l’accord sur la fiscalité mondiale, ajoutant que l’Irlande « ne veut pas être isolée sur cette question ».

« Nous avons demandé des changements raisonnables qui peuvent apporter le plus de certitudes possible », a-t-il ajouté.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a confié au cours d’une conférence de presse à l’OCDE mercredi son « optimisme prudent » s’agissant d’un accord global sur le texte, ajoutant que « nous avons réalisé des progrès substantiels au cours des derniers jours et nous voulons franchir la ligne d’arrivée ».

« C’est une occasion unique de rendre le système fiscal international plus équitable, d’aider les États à augmenter leurs ressources afin d’améliorer réellement la vie de leurs citoyens et de se reconstruire après la COVID-19 », a commenté le dirigeant américain.

Depuis des mois, les pays du G7 négociaient avec Dublin, l’un des pays d’Europe au taux d’imposition sur les sociétés le plus faible, à 12,5 %.

Le gouvernement irlandais doit se réunir jeudi pour prendre une décision finale sur l’accord, qui entend lutter contre l’évitement fiscal de multinationales, en grande partie américaines, qui limitent leur facture fiscale en s’enregistrant dans les pays aux plus faibles taux d’imposition.

Dublin trainait des pieds pour relever son taux d’impôt sur les sociétés, qui lui a permis d’attirer de nombreuses multinationales et notamment des géants technologiques ou pharmaceutiques qui y ont enregistré leur siège européen.

Mardi, le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire a jugé qu’un « compromis peut se dégager sur 15 % comme taux effectif réel ».

Un accord historique annoncé en juillet sous le patronage de l’OCDE et signé par 134 pays prévoyait un taux effectif réel d’« au moins » 15 % qui s’imposerait aux multinationales réalisant au moins 750 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont beaucoup de grands groupes technologiques.

Or cette formulation, qui laissait la porte ouverte à un niveau plus élevé de taxation, avait suscité le rejet de l’Irlande.